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Réunion de la Commission mixte de dialogue entre l'Eglise orthodoxe et les Eglises orthodoxes orientales (novembre 1993)

Du 1er au 6 novembre s'est réuni au Centre orthodoxe du Patriarcat oecuménique à Chambésy, Genève, la Commission mixte de dialogue entre l'Eglise orthodoxe et les Eglises orthodoxes orientales dans le but de faire le point sur le processus visant à restaurer la pleine communion entre ces Eglises. Les séances étaient présidées conjointement par les métropolites Damaskinos de Suisse (Patriarcat oecuménique) et Bishoy de Damiette (Eglise copte).

Du côté orthodoxe, outre le co-président, le métropolite Damaskinos, participaient aussi: le métropolite Chrysostome de Péristérion, le rév. prof. George Dragas, le prof. Georges Martselos, conseillers (Patriarcat oecuménique); le métropolite Pierre d'Axoum, le prof. Vlassios Phidias, secrétaire de la Commission (Patriarcat d'Alexandrie); le métropolite Georges du Mont-Liban (Patriarcat d'Antioche); le métropolite Pitirim de Volokolamsk et Jurjev, le prof. Nikolai Zabolotski (Patriarcat de Russie); le métropolite Antoine de Transylvanie (Patriarcat de Roumanie); le horépiscopos Barnabas de Salamis, le prof. Andréas Papavasiliou (Eglise de Chypre); le métropolite Mélétios de Nikopolis, le rév. prof. Jean Romanides (Eglise de Grèce); le père Jani Trebicka, le père Martin Ritsi (Eglise d'Albanie); le rév. prof. Pavel Aies, le prof. Roman Juriga (Eglise de Tchécoslovaquie); le père Heikki Huttunen (Eglise de Finlande).

Du côté des Eglises orientales, outre le co-président, le métropolite Bishoy, participaient: l'évêque Sérapion de Public, le rév. prof. Emile Maher Ishak, le théologien Joseph Moris Faltas, conseillers (Eglise copte); le métropolite Grégorios Yohanna Ibrahim d'Alep (Eglise syrienne); l'archevêque Dr Mesrob Krikorian, co-secrétaire (Catholicosat arménien d'Etchmiadzin); l'archevêque Aram Keshishian, l'archevêque Mesrob Ashdjian (Catholicosat de Cilicie); le père George Kondothra (Eglise syrienne Malankara de l'Est); l'archevêque Makarios de Tigrée, le père Johannes Seife Sellassie (Eglise éthiopienne).

Au cours de la séance d'ouverture, le métropolite Damaskinos de Suisse prononça l'allocution suivante:

"Chers frères en Christ,

Je vous souhaite la bienvenue au Centre orthodoxe du Patriarcat oecuménique et je vous transmets les voeux et la bénédiction de Sa Sainteté le patriarche oecuménique Bartholomaios pour le succès des travaux de notre Commission.

La présente réunion plénière de la Commission théologique mixte de dialogue entre l'Eglise orthodoxe et les Eglises orthodoxes orientales est des plus importantes non seulement pour la mise en valeur correcte du travail théologique - à portée vraiment historique - accompli par notre Commission au cours de ses réunions précédentes, mais aussi pour les possibilités qu'elle offre de faciliter les procédures ecclésiastiques nécessaires au rétablissement de la pleine communion. Notre tâche est difficile mais peut-être elle sera menée à bien si nous nous conformons tous à l'esprit des grandes personnalités patristiques de l'Eglise des premiers siècles. Ce sont justement les Pères qui sont nos maîtres à tous. Ce sont eux qui dirigeront notre pensée et nos réflexions de sorte que nos propositions finales soient conformes à la volonté du Seigneur.

La tâche de la présente réunion découle de l'accomplissement du travail théologique de notre Commission, consigné dans les deux Déclarations communes et qui, à quelques exceptions près, est généralement apprécié comme une contribution essentielle sur la voie du rétablissement de la communion ecclésiale. Je désire souligner que trois Eglises orthodoxes - à savoir les Patriarcats d'Alexandrie, d'Antioche et de Roumanie - ont officiellement exprimé leur accord et leur satisfaction pour les résultats de notre Dialogue et attendent avec confiance les développements qui rendront possible la communion parfaite entre les deux familles d'Eglises. Les appréciations des autres Eglises orthodoxes locales sont également positives. Dans ce sens, l'agenda et la méthode de la présente réunion de la Commission confirment que quelque chose d'important est en train de se passer dans les relations entre nos Eglises.

L'agenda indique que nous sommes appelés à rechercher des propositions concrètes pour surmonter les obstacles ecclésiaux constatés dans nos Déclarations communes, par exemple, les anathèmes historiques prononcés de part et d'autre, et le manque d'énumération commune des sept conciles oecuméniques. C'est dans cet esprit que furent formulés les thèmes de notre agenda, à savoir:

•  Quelle est l'autorité ecclésiastique compétente de part et d'autre pour lever les anathèmes et quels sont les présupposés de rétablissement de la communion ecclésiale?

•  la levée des anathèmes de quels conciles et de quelles personnes, est-elle possible aux termes du paragraphe 10 de la IIe Déclaration commune;

•  Quelle est la procédure canonique de part et d'autre pour la levée des anathèmes et le rétablissement de la communion ecclésiale?

•  Comment pouvons-nous comprendre et appliquer le rétablissement de la communion ecclésiale dans la vie de nos Eglises?

•  Quelles sont les conséquences canoniques et liturgiques de la pleine communion?

Il est évident pour tous que nos propositions théologiques doivent être fondées sur la tradition et la praxis ecclésiastiques des premiers siècles; les Eglises ont donc honoré notre Commission en lui confiant l'examen de ces questions ecclésiastiques spécifiques.

La méthode des délibérations fut décidée au cours des rencontres des Présidents et des Secrétaires de notre Commission. Elle prévoit que les représentants de nos deux familles d'Eglises se réuniront d'abord séparément; ensuite, le plénum de la Commission mixte tiendra ses séances communes. Ce changement de méthode a une double justification: d'une part, la particularité de la problématique à laquelle chacune des parties est confrontée dans l'examen des questions identiques, d'autre part, la nécessité d'une investigation plus complète du contenu spécial des deux traditions sur ces questions. Dans cet esprit, il fut jugé nécessaire d'inviter d'éminents conseillers pour que le travail de la Commission sur ces questions plus spéciales de l'agenda soit facilité.

Il est bien connu que les questions particulières dont nous aurons à débattre préoccupent ou préoccuperont les Eglises durant la procédure de mise en valeur des résultats positifs de notre Dialogue théologique. Certaines de ces questions sont déjà, implicitement posées par la IIe Déclaration commune, notamment les présupposés à la levée des anathèmes prononcés de part et d'autre... Les Eglises attendent de connaître nos propositions théologiques avant de prendre d'importantes décisions dans le sens du rétablissement de la communion ecclésiale. Dans notre effort, le problème principal n'est pas tant de nous convaincre les uns les autres, mais d'adapter aux besoins de nos Eglises notre proposition crédible et convaincante, puisant sa source dans notre tradition commune; donc, une proposition susceptible d'être mise en valeur des deux côtés par l'autorité ecclésiastique compétente.

Nous disposons des présupposés théologiques pour atteindre ce but dans le bref laps de temps de notre réunion si nous travaillons dans l'amour et si, au cours de nos délibérations, nous faisons preuve d'un esprit de compréhension mutuelle. Le progrès spectaculaire de notre Dialogue était le fruit de cet amour qui "ne cherche pas son intérêt" et qui "met dehors la peur". Je souhaite donc que la force déjà démontrée de l'amour coordonne nos discussions en les guidant vers des propositions constructives qui seront puisées dans l'expérience diachronique de l'Eglise et qui s'adresseront aux Eglises, elles qui ont la capacité dans le Saint Esprit de discerner la volonté de Dieu dans l'histoire du salut. Dieu veut l'unité de Son Eglise, bâtie par le Paraclet, l'Esprit de vérité. Notre tâche consiste à ne pas nous écarter de la volonté de Dieu dans ces jours cruciaux et à accepter le souffle du Saint Esprit pour le témoignage oecuménique de l'Orthodoxie dans le monde contemporain."

La Commission mixte de dialogue entre l'Eglise orthodoxe et les Eglises orthodoxes orientales publia, à l'issue de ses délibérations, le Communiqué suivant:

"Conformément au mandat des Eglises, la Commission mixte de dialogue entre l'Eglise orthodoxe et les Eglises orthodoxes orientales a tenu sa IVe réunion au Centre orthodoxe du Patriarcat oecuménique à Chambésy, Genève (Suisse) du 1er au 6 novembre 1993 afin d'examiner la procédure de rétablissement de la pleine communion.

Les représentants officiels des deux familles d'Eglises orthodoxes et leurs conseillers furent réunis dans une atmosphère de prière et de chaleureux et cordial amour fraternel entre chrétiens. Au Centre orthodoxe du Patriarcat oecuménique, ils ont bénéficié de l'hospitalité généreuse de Sa Sainteté le patriarche oecuménique Bartholomaios 1er par les soins de Son Eminence le métropolite Damaskinos de Suisse.

Les trente participants venaient de: l'Albanie, l'Autriche, la Chypre, l'Egypte, les Etats-Unis d'Amérique, l'Ethiopie, la Finlande, la Grande-Bretagne, la Grèce, l'Inde, le Liban, la Pologne, la Roumanie, la Russie, la Suisse, la Syrie et la Tchéquie.

Les réunions plénières de la Commission mixte étaient co-présidées par Leurs Eminences les métropolites Damaskinos de Suisse et Bishoy de Damiette. Dans son discours inaugural, le métropolite Damaskinos de Suisse expliqua la procédure à suivre et souligna que 'La présente réunion plénière de la Commission théologique mixte de dialogue entre l'Eglise orthodoxe et les Eglises orthodoxes orientales est des plus importantes non seulement pour la mise en valeur correcte du travail théologique - à portée vraiment historique - accompli par notre Commission au cours de ses réunions précédentes, mais aussi pour les possibilités qu'elle offre de faciliter les procédures ecclésiastiques nécessaires au rétablissement de la pleine communion.'

A l'issue de la séance inaugurale, chaque partie se réunit séparément afin de discuter les rapports préparés sur les thèmes suivants:

- Quelle est l'autorité ecclésiastique compétente de part et d'autre pour lever les anathèmes et quels sont les présupposés de rétablissement de la communion ecclésiale?

- la levée des anathèmes de quels conciles et de quelles personnes, est-elle possible aux termes du paragraphe 10 de la IIe Déclaration commune;

-Quelle est la procédure canonique de part et d'autre pour la levée des anathèmes et le rétablissement de la communion ecclésiale?

-Comment pouvons-nous comprendre et appliquer le rétablissement de la communion ecclésiale dans la vie de nos Eglises?

-Quelles sont les conséquences canoniques et liturgiques de la pleine communion?

Les deux rapports préparés furent présentés au plénum le troisième jour des travaux pour clarification et discussion. A l'issue des discussions, les Orthodoxes orientaux ont présenté un document de réponse qui élargit le débat au sein du plénum. Un comité de rédaction fut nommé, constitué de Leurs Eminences les métropolites Bishoy de Damiette, Grégorios Yohanna Ibrahim et Mesrob Krikorian, du côté des Eglises orthodoxes orientales, et des professeurs rév. pères Jean Romanides et George Dragas ainsi que du professeur Vlassios Phidas, du côté orthodoxe, afin de préparer les propositions spécifiques de la Commission aux deux familles d'Eglises au sujet de la levée des anathèmes, prononcés de part et d'autre, et du rétablissement de la pleine communion.

Débattu au sein du plénum, le texte suivant fut adopté à l'unanimité:

 

PROPOSITIONS POUR LA LEVEE DES ANATHEMES

•  A la lumière de la Déclaration commune sur la question christologique (monastère Saint-Bishoy 1989) et de la IIe Déclaration commune (Chambésy 1990), les représentants des deux familles d'Eglises sont d'accord pour affirmer que la levée des anathèmes et des condamnations du passé peut être réalisée sur la base de leur reconnaissance commune du fait que les conciles et les pères, anathématisés ou condamnés dans le passé, sont orthodoxes dans leur enseignement. De même, à la lumière des quatre rencontres non officielles (1964, 1967, 1970, 1971) et des trois assemblées officielles (1985, 1989, 1990), nous avons compris que les deux familles ont fidèlement respecté l'authentique enseignement christologique orthodoxe ainsi que la continuité ininterrompue de la tradition apostolique, bien qu'ayant utilisé des termes christologiques de manières différentes.

•  La levée des anathèmes doit se faire unanimement et simultanément par les Primats de toutes les Eglises des deux parties et cela par la signature de l'acte ecclésiastique approprié, dans lequel il sera déclaré de part et d'autre que Vautre partie est orthodoxe sous tout rapport.

•  La levée des anathèmes doit impliquer que:

•  la pleine communion entre les deux parties est immédiatement rétablie,

•  aucune condamnation réciproque du passé, conciliaire ou personnelle, n'est désormais en vigueur,

•  on doit se mettre d'accord sur une liste de diptyches des Primats des Eglises pour usage liturgique,

4. En même temps, les pas suivants doivent être faits:

•  La sous-commission mixte chargée des questions pastorales doit poursuivre son très important travail conformément à la décision prise au cours de la réunion de la Commission mixte en 1990.

•  Les co-présidents de la Commission mixte doivent rendre visite aux Primats des Eglises pour les informer en détail sur les résultats du Dialogue.

•  Une sous-commission liturgique doit être nommée par les deux parties; elle sera chargée d'étudier les implications liturgiques résultant du rétablissement de la communion et de proposer des formules de concélébration adéquates,

•  Les questions ayant trait à la juridiction ecclésiastique doivent être laissées

à être réglées par les autorités correspondantes des Eglises locales sur la base

des principes canoniques et conciliaires communs.

•  Les deux co-présidents de la Commission mixte, en collaboration avec les deux secrétaires, doivent veiller, d'une part, à ce que des ouvrages susceptibles d'expliquer notre commune compréhension de la foi, qui nous a conduits à surmonter les divisions du passé, soient rédigés, d'autre part, à ce que le travail des autres sous-commissions soit efficacement coordonné.

(Signatures)

Métropolite Damaskinos de Suisse

Métropolite Bishoy de Damiette

Prof. Vlassios Phidas

Archevêque Dr Mesrob K. Krikorian"

A l'issue de la signature du Communiqué par les deux co-présidents et les deux secrétaires de la Commission, le métropolite Damaskinos de Suisse prononça l'allocution de clôture suivante:

"Chers frères en Christ,

Les réunions du plénum de notre Commission mixte furent toujours des assemblées de recueillement spirituel où la parole des grandes figures patristiques de notre tradition commune renforçait constamment dans le Saint Esprit nos faibles forces devant le mystère de la divine économie en Christ. La force de la foi des Pères de l'Eglise rayonnait la même lumière de la vérité de la foi à travers les multiples formes d'expression de la tradition apostolique. Les rencontres non officielles et les réunions officielles de notre Commission théologique mixte furent, en dernière analyse, une commune expression de la conscience ecclésiale à savoir que l'authenticité de la tradition patristique constitue non seulement le fondement inamovible de la continuité authentique de la foi apostolique dans la vie de l'Eglise mais, de plus, la force invincible permettant de confirmer sans cesse l'unité de l'Eglise dans la vraie foi et l'amour.

Dès le début, les représentants des deux familles d'Eglises orthodoxes avons eu la conscience ferme et inébranlable que seuls les Pères de l'Eglise pouvaient nous aider à mener correctement et efficacement notre dialogue théologique. Même les moments de tension au cours de nos discussions étaient dus au zèle de comprendre plus profondément la sagesse patristique par rapport aux problèmes actuels dans les relations de nos Eglises. Si, par conséquent, les Pères nous unissent, qui pourra nous séparer, nous empêcher de participer en commun à tout ce que l'amour du Dieu Trin a légué à l' Eglise par l' incarnation du Fils?

C'est dans cet esprit que nous avons aussi travaillé durant la présente réunion du plénum de notre Commission, aussi bien lors de nos séances serrées que plénières. Il s'agissait de mettre en valeur nos 'Déclarations communes", notamment celle sur la question christologique, pour l'unité de l'Eglise: cela fit de nouveau apparaître la force de la tradition patristique. Elle nous permit de discerner que, même à travers des parcours historiques différents, nous n'avons jamais cessé de respecter profondément les paroles de nos pères spirituels communs et que c'est uniquement avec leur aide que nous pourrons être conduits à rétablir la communion ecclésiale.

Nous sommes tous conscients d'avoir répondu avec zèle au mandat de nos Eglises et d'avoir donné notre témoignage théologique concernant l'unité de foi sous-jacente à nos deux traditions théologiques. Nos Eglises apprécieront dans l'amour nos propositions et trouveront les solutions dictées par l'économie ecclésiastique pour accélérer leur marche vers la pleine communion devant l'autel du Seigneur d'où leurs fidèles puisent 'un remède d'immortalité et un antidote contre la mort'.

En clôturant la dernière séance de cette réunion de la Commission, je me dois de remercier avec gratitude nos Eglises pour la confiance dont elles nous ont gratifiés dans notre mission difficile, mon frère le co-président, Son Eminence le métropolite Bishoy de Damiette pour son dévouement zélé à la voix des Pères, les secrétaires et les membres de la Commission pour leur empressée et essentielle contribution théologique, les conseillers pour leur aide constructive, les interprètes pour leur effort de nous libérer des contraintes linguistiques et les autres précieux collaborateurs et collaboratrices pour leur service sans relâche. Merci à tous."

 

Réunion de la Commission interorthodoxe préparatoire (Chambésy,_ 7-13 novembre 1993)

Du 7 au 13 novembre 1993, se réunit au Centre orthodoxe du Patriarcat oecuménique la Commission interorthodoxe préparatoire du saint et grand Concile de l'Eglise orthodoxe. Les travaux étaient présidés par Son Eminence le métropolite Chrysostome d'Ephèse.

En voici la liste des participants:

Patriarcat oecuménique

Son Eminence le métropolite Chrysostome d'Ephèse, président Son Eminence le métropolite Pantéléimon de Tyroloï, conseiller Son Eminence le métropolite Méliton de Philadelphie, conseiller Rév. G. Archidiacre Chrysostome, secrétaire de la Délégation

Patriarcat d'Alexandrie

Son Eminence le métropolite Pierre d'Axoum

Prof. Constantin Patelos, conseiller

Patriarcat d'Antioche

Son Eminence le métropolite Georges (Khodr) du Mont-Liban

Me Albert Laham, conseiller

Monsieur Tarek Mitri, conseiller

Patriarcat de Russie

Son Eminence le métropolite Cyrille (Gundjajev) de Smolensk

Rév. John Erickson, conseiller

Rév. protopr. Vitaly Borovoy, secrétaire de la Délégation

Patriarcat de Serbie

Son Eminence Pévêque Irénée (Bulovic) de Batska

Rév. archimandrite Ignace Mitic, conseiller

Patriarcat de Roumanie

Son Eminence le métropolite Antoine (Plamadeala) de Transylvanie

Rév. prof. Ion Bria, conseiller

Patriarcat de Bulgarie Prof. Ivan Dimitrov

Eglise de Chypre

Son Eminence le métropolite Chrysostome de Paphos

Dr André Mitsides, conseiller

Eglise de Grèce

Son Eminence le métropolite Chrysostome de Péristérion

Rév. prof. Théodore Zissis, conseiller

Eglise de Pologne

Son Excellence l'évêque Jérémie de Wroctaw

Eglise d'Albanie

Rév. Jani Trebicka

Rév. Martin Ritsi, conseiller

Eglise de Tchécoslovaquie

Son Excellence l'évêque Nikolaj (Kocvar) de Presov

Rév. Marian Fedo, conseiller

Eglise de Finlande

Son Eminence l'archevêque Jean de Karélie et de toute la Finlande

Secrétaire de la Commission était Son Eminence le métropolite Damaskinos de Suisse; conseillers: le Rév. Thomas Fitzgerald, monsieur Grigori Skobei et le prof. Vlassios Phidas.

Les travaux de la Commission ont commencé le dimanche, 7 novembre, par la célébration de la divine liturgie en l'église de l'apôtre Paul des Nations à Chambésy, Genève, présidée par le métropolite Chrysostome d'Ephèse et avec la participation des chefs des Délégations des saintes Eglises orthodoxes. Le métropolite d'Ephèse prononça l'homélie suivante:

"Frères et soeurs,

chers enfants en le Seigneur,

Mon homélie d'aujourd'hui a un caractère tout à fait particulier. Elle veut vous apporter la parole de Dieu, non seulement de façon kérygmatique, mais aussi d'une autre manière plus appropriée à la nature et au but de la divine liturgie de ce dimanche.

Cette liturgie est dédiée au travail interorthodoxe extrêmement important qui commence aujourd'hui et qui vise à examiner et à expédier trois thèmes du saint et grand Concile, concile que notre Eglise orthodoxe a mis en route et prépare avec beaucoup d'attention et de soin.

Ces thèmes d'actualité sont les suivants: la Diaspora orthodoxe, l'autocéphalie et l'autonomie dans la structure générale et la vie de l'Orthodoxie.

C'est donc l'évènement lui-même qui précise le contexte et qui donne le ton de mon homélie.

Cette église, mes frères, devient une fois de plus témoin de l'épiclèse du Saint Esprit pour que réussissent l'examen et la solution des problèmes de notre Eglise. Elle devient donc un lieu exhalant le parfum de la présence du Seigneur, lorsqu'il dit: 'Car, là où deux ou trois se trouvent réunis en mon nom, je suis au milieu d'eux' (Mat 18,20).

Vous les chrétiens orthodoxes, peut-être les mêmes ici présents qu'il y a cinq ou dix ans, tous néanmoins, hier et aujourd'hui, comme d'autres demain, aviez, avez et aurez l'occasion de vivre ces journées sacrées de méditation et de participation spirituelle au travail dont nous avons la charge et qui se fait pour le bien et le progrès de notre Orthodoxie. Vous ferez ainsi l'expérience du fait qu'Eglise gouvernante et peuple fidèle de Dieu marchent côte à côte pour parfaire et communiquer la mission existentielle profonde de l'Orthodoxie dans le monde.

Enfin, nous les délégués de nos Eglises qui , à notre tour, nous nous passons la barre dans cette lutte difficile qui consiste à mettre en relief notre orthodoxie et à promouvoir ses trésors spirituels, prêts à faire an pas supplémentaire dans la procédure que nous avons établie et qui nous conduira au saint et grand concile. Ce dernier pourra apporter une solution aux grands problèmes qui préoccupent notre Eglise.

Nous voici donc tous présents ici dans ce lieu sacré, devant nos fidèles, mais aussi face au plérôme orthodoxe à travers le monde et, surtout, les uns devant les autres avec nos responsabilités, nos devoirs des plus sacrés, nos consciences et nos voeux sacrés faits devant Dieu et les hommes, prêts à offrir tout ce que nous pouvons de nous-mêmes pour le bien de l'Eglise et pour la réalisation de la volonté de Dieu.

Serons-nous en mesure de répondre à cette multiple responsabilité? Il le faudra bien! Malheur à nous si nous ne parvenions pas à surpasser nos faiblesses et si nos défauts et nos omissions prennent le dessus sur nos responsabilités, et si nous ignorions la gravité des temps et les commandements de Dieu.

Dans les tous les cas, en ce moment, quelques heures avant le commencement de notre tâche, nous sommes envahis par un sentiment de connaissance propre de nos faiblesses et de connaissance tout court des difficultés qui nous attendent. Nous confessons toute la volonté réaliste et la perspective dont nous disposons, de sorte qu'armés de sérénité, de conscience tranquille, d'humilité et d'obéissance, nous puissions servir l'intérêt de l'Eglise et la volonté de Dieu. Nous exprimons ainsi consciemment l'espoir que le Seigneur ne nous abandonnera pas. 'Dieu est fidèle; il ne permettra pas que nous soyons tentés au-delà de nos forces. Avec la tentation, il nous donnera le moyen d'en sortir et la force de la supporter' (cf 1 Co 10,13).

Nous demandons surtout que, par vos prières, vous nous souteniez à notre tâche et espérons, à l'exemple des premiers apôtres montés dans la chambre haute de Jérusalem après la Résurrection du Seigneur et qui 'tous unanimes, étaient assidus à la prière, avec quelques femmes? (Ac 1,14); nous espérons donc la miséricorde de Dieu pour la paix, l'unité et la puissance de notre Eglise orthodoxe.

Prions le Seigneur, frères. Et nous les fidèles, prions le Seigneur pour la bénédiction et la prospérité de l'oeuvre de l'Eglise. Kyrie eleison. Amen."

La Commission interorthodoxe préparatoire était chargée de compléter la recherche du consensus des Eglises orthodoxes locales sur le thème de la Diaspora orthodoxe et de dégager ce consensus sur les thèmes de l' autocéphalie et la manière de la proclamer et l' autonomie et la manière de lu proclamer.

Le métropolite Chrysostome d'Ephèse, président de la Commission interorthodoxe préparatoire, prononça devant le plénum le discours suivant à l'occasion de l'ouverture des travaux le 8 novembre 1993:

"Révérends et chers pères et frères en Christ,

Au nom de la sainte Trinité consubstantielle, vivifiante et indivise, je proclame l'ouverture des travaux de la présente Commission interorthodoxe préparatoire.

Je suis heureux de vous transmettre les salutations, l' amour, le baiser fraternel et les souhaits de Sa Sainteté le Patriarche oecuménique Bartholomaios qui, animé de sentiments d'honneur et de confiance envers les représentants des Eglises orthodoxes soeurs, vous souhaite la bienvenue sous ce toit patriarcal, salue en vos personnes Leurs Béatitudes les Primats des Eglises que vous représentez et joint ses voeux aux leurs pour que les travaux de la présente assemblée, la première à se tenir depuis son élévation au très saint Trône oecuménique, soit couronnée de succès.

Permettez-moi de saluer aussi de la part de la chaire, avec honneur et amour, les Primats de nos Eglises et de souhaiter à tous que Dieu nous éclaire et nous soutienne pour accomplir notre devoir de façon digne du Seigneur et bénéfique à l'Eglise et au peuple de Dieu. Je tiens aussi à vous assurer que la chaire sera, comme toujours, animée dans sa diaconie par un sentiment de bonne volonté, d'humilité et de loyauté pour servir les objectifs de notre assemblée.

Chers frères si, par la grâce de Dieu, cette réunion aboutit à des résultats positifs, nous aurons sans doute considérablement avancé sur la voie de la préparation du saint et grand Concile et nous aurons permis à nos Eglises et à nous-mêmes de voir se rapprocher le jour de la convocation du Concile. Nous verrons ainsi notre Eglise orthodoxe achever l'immense effort entrepris en vue de sa récapitulation dans le contexte de l'institution conciliaire, notamment oecuménique, créée par la volonté divine. En effet, après une mise en route et une progression laborieuse dans sa préparation, l'on est en droit d'espérer que le saint et grand Concile de notre Eglise sera réuni comme premier concile majeur et universel de l'Eglise orthodoxe depuis les premiers conciles oecuméniques.

Voici les quelques paroles de bienvenue et des ébauches de réflexion sur la tâche et les perspectives de la présente assemblée.

Je ne crois pas devoir entrer dans les détails concernant les thèmes de notre assemblée, ainsi que le mode de nos travaux durant les prochains jours.

Le discours sur la Diaspora est arrivé à un point de saturation. Nous connaissons tous l'importance du sujet, mais aussi sa gravité, étant donné ses répercussions négatives sur l'ensemble de l'orthodoxie.

Nous sommes simplement appelés à compléter le travail de la précédente commission sur ce même thème de la Diaspora, commission réunie sous la présidence de notre digne Patriarche oecuménique Bartholomaios, alors Métropolite de Chalcédoine. Nous sommes appelés – disais je - à achever ce travail, en reprenant nos débats au point où nous les avions interrompus sans, bien entendu, y revenir lors de la présente assemblée. Ces discussions, de l'aveu général, furent difficiles, mais fondamentales et fructueuses puisqu'elles ont amené nos Eglises à l'acceptation de principe d'une solution provisoire à la question de la Diaspora dans le cadre d'un ordre ecclésiologique et canonique pouvant être mise en vigueur par économie en créant des assemblées épiscopales dans tous les pays de la diaspora orthodoxe. Celles-ci offriront l'indépendance administrative et pastorale, susceptible de servir les fidèles de la diaspora, promouvoir l'uniformité du système administratif de l'Eglise et cesser de projeter au dehors une image fragmentée de l'Orthodoxie avec une multitude de juridictions et de hiérarques, image qui nuit à l' Orthodoxie pour ne pas dire qu'elle l'expose au blâme.

Le Secrétaire pour la préparation du saint et grand Concile, Son Eminence le métropolite Damaskinos de Suisse, à qui revient la tâche de présenter le travail incombant à notre réunion, vous entretiendra cependant de toutes ces questions.

Sur ce point, je souhaiterai me référer à l'élargissement de la thématique de la présente réunion de la Commission interorthodoxe préparatoire.

D'emblée, il faut préciser qu'il ne s'agit pas à proprement parler d'un élargissement de la thématique étant donné que les sujets proposés sont inscrits à l' ordre du jour de la préparation du Concile. Nous savons tous aussi que l'examen parallèle de ces deux thèmes, comme d'ailleurs du dernier thème, les Diptyques, devait faire l'objet des préoccupations immédiates de nos Eglises et être considéré comme une priorité absolue pour accélérer la procédure de préparation du Concile. Dans cet esprit et pour ne par perdre un temps précieux en convoquant ultérieurement pour l'examen de ces thèmes une nouvelle Commission, ce qui habituellement est un facteur de ralentissement; étant donné qu'entre-temps les Eglises et le Secrétariat ont procédé à une préparation adéquate et que nous pouvons désormais ouvrir librement le débat sur ces thèmes aussi, le Patriarcat oecuménique, selon l'esprit et la lettre du Règlement des Conférences panorthodoxes et des Commissions interorthodoxes, jugea opportun et profitable d'introduire l'Autocéphalie et l'Autonomie dans la thématique de la présente réunion de la Commission, d'autant plus que la discussion concernant la Diaspora ne semble pas devoir se prolonger plus que nécessaire.

Voilà comment les choses se présentent dans la phase actuelle des travaux de notre Commission.

Pères et frères,

Il faut prendre conscience une fois pour toutes que le temps presse. Les années passent. Le rythme avec lequel l'Eglise fait face à ses réels problèmes ne lui permet pas de rattraper le cours des événements. La vision grandiose de la convocation du saint et grand Concile s'estompe peu à peu dans la conscience des fidèles mais aussi aux yeux de ceux qui se trouvent en dehors de l'Eglise. Le plan mis en route sous d'heureux auspices pour ranimer et provoquer une nouvelle prise de conscience de la synodalité dans le contexte de laquelle se fera le renouveau des structures de l'Eglise orthodoxe, risque de devenir un mécanisme où l' Orthodoxie est prise au piège de son propre gré.

La démythification du saint et grand Concile est devenue nécessaire et urgente. Les générations se succèdent. Il ne serait sans doute ni juste ni équitable d'ajouter aux graves problèmes en suspens des générations à venir, ceux inhérents à une initiative prise en charge et non menée à terme, telle que la convocation du saint et grand Concile qui, à partir du moment où elle demeure inachevée, dégénère et naturellement se révèle être pour le moins nuisible à l' Eglise. Je crains que laisser, même involontairement, cette question traîner en longueur, équivaut à nous dénoncer nous-mêmes pour manque de foi envers le Paraclet et à donner F impression d'accorder plus d'importance au facteur humain qu'à la puissance du Saint Esprit qui, tel le vent, 'souffre où il veuf (Jn 3,9) et à la parole de Dieu qui 'ne peut être enchaînée' (II Tim 2,9).

Avons-nous cependant le droit d'entraver le 'souffle' du Saint Esprit dans les affaires de l'Eglise et être complices 'de ce qui le retient' (II Thes 2,6), qui veut 'enchaîner" la parole vivante de Dieu 'énergique et plus tranchante qu'aucun glaive à double tranchant" (He 4,12).

Je ne conseillerai certainement pas la hâte dans le travail de préparation du Concile, surtout si celle-ci devenait préjudiciable à une juste évaluation, étude, élaboration et solution des questions qui préoccupent l'Eglise.

Cependant, il n'est pas possible, d'autre part, d'entraver F accomplissement de la tâche par des moyens et selon des critères répondant à des considérations étroites des intérêts de nos Eglises locales et à des aspirations étrangères aux convictions et aux tendances de l'Eglise orthodoxe.

Chers pères et frères,

Le Paraclet ordonne: 'Que celui qui a des oreilles, entende ce que l'Esprit dit aux Eglises' (Apoc 2,7).

Animés par de tels sentiments et l'esprit occupé par le fait qu'il y a urgence pour notre Eglise de faire face aux problèmes qui s'éternisent dans son sein, veuillons aller de l'avant en nous édifiant nous-mêmes, mais aussi en construisant dans l'unique Esprit de l'unique Seigneur l'édifice sacré de l'avenir de notre Eglise; notre Eglise que nous devons 'présenter" au Seigneur et au monde 'splendide, sans tache ni ride, ni aucun défait mais, au contraire 'sainte et irréprochable' (Eph 5,27).

Ainsi soit-il".

Les représentants ont ensuite adressé les salutations de leurs Eglises à l'assemblée, puis le Secrétaire, le métropolite Damaskinos de Suisse, présenta son rapport sur le premier thème de l'agenda, la Diaspora orthodoxe. Nous en reproduisons le texte ci-dessous:

"1. Durant les dernières décennies, l'organisation de la Diaspora orthodoxe à travers le monde fut examinée sous d'angles variés; de distingués théologiens, aussi bien clercs que laïcs, ont déjà donné leur avis sur cette question notamment depuis que le thème figure dans l'agenda du saint et grand concile de l'Eglise orthodoxe. Les contributions sur la Diaspora des très saintes Eglises orthodoxes locales ont exhaustivement étudié la problématique des nombreux prolongements de la question sur la mission ecclésiologique, canonique et pastorale de l'Eglise.

Le rapport circonstancié du Secrétariat pour la préparation du saint et grand concile -présenté à la précédente Commission interorthodoxe préparatoire (10-17 novembre 1990)- a voulu montrer de manière systématique les thèses convergentes et divergentes contenues dans les contributions des très saintes Eglises locales; il a par ailleurs soumis des propositions concrètes, fondées sur la tradition canonique, susceptibles de lever les principaux obstacles et de régler définitivement la question juridictionnelle qui complique sérieusement les structures d'organisation de la Diaspora orthodoxe. Le système métropolitain, consacré par le 1er concile oecuménique, mis implicitement en avant et de diverses manières par les contributions sur ce thème des très saintes Eglises orthodoxes, fut proposé comme la base canonique la plus opportune et la plus compatible avec la réalité de la Diaspora. En effet, légèrement adapté, le système pourrait manifester l'unité de l'Orthodoxie sans toucher à la sensibilité pastorale des ethnies orthodoxes vivant dans la Diaspora.

La précédente Commission interorthodoxe préparatoire a longuement débattu, dans un esprit de compréhension mutuelle, toutes les perspectives de solution au problème grave de l'organisation canonique de la Diaspora. La vivacité parfois dans les propos au cours des débats théologiques confirma l'anxiété de toutes les Eglises de contribuer effectivement au meilleur règlement possible de la question, à savoir d'harmoniser judicieusement les sensibilités ethniques des Eglises mères avec les critères immuables de la tradition canonique. L'harmonisation s'avéra plus ou moins difficile, en dépit des propositions concrètes du Secrétariat. Néanmoins, le scandale du morcellement de l'Orthodoxie dans la Diaspora pesa de manière décisive sur les consciences des représentants des très saintes Eglises orthodoxes. Nul ne pouvait envisager l'éventualité d'aller vers le saint et grand concile sans une proposition concrète et canonique de solution définitive au problème.

Lors de cette précédente Commission, Sa Sainteté le Patriarche oecuménique Bartholomaios alors métropolite de Chalcédoine, dans son discours inaugural souligna l'importance que revêt une solution immédiate et correcte au problème de la Diaspora orthodoxe pour le témoignage actuel de l'Orthodoxie:

"Voici donc, chers frères en Christ, pourquoi il devient urgent pour l'Eglise orthodoxe de se pencher tout d'abord sur elle-même et de régler ses affaires internes. Les temps exigent un témoignage et une présence vivante de l'Orthodoxie comme Eglise, et l'Orthodoxie, exprimant la foi en l'Eglise une, sainte, catholique et apostolique, doit être un exemple et un modèle de corps ecclésial conformément à sa propre ecclésiologie, à ses canons et à sa tradition séculaire. L'Eglise orthodoxe ne peut se présenter comme pensant et enseignant une chose et appliquant une autre dans la pratique. L'Eglise orthodoxe est Jugée non seulement par le monde environnant, qui attend beaucoup d'elle, mais aussi par ses propres enfants, surtout la jeune génération, qui exigent de la conséquence entre la théorie et la pratique, entre la théologie et la vie ecclésiastique...

Il est à peine nécessaire de souligner combien la question est importante. En dernière analyse, il s'agit de la crédibilité même et du sérieux de l'Eglise orthodoxe. Car tous, surtout ceux des chrétiens des autres Eglises et Confessions, qui connaissent un peu la théologie orthodoxe, se demandent comment il est possible que tant de juridictions "canoniques" existent et coexistent dans les diverses régions, avec une multitude d'évêques, bien que des principes fondamentaux de l'ecclésiologie orthodoxe l'interdisent formellement. C'est pourquoi et au nom dune certaine économie, cette situation fut tolérée pendant si longtemps. Mais je suis certain que vous serez tous d'accord avec moi: cette situation ne peut pas s'éterniser, surtout en vue du saint et grand Concile de notre Eglise dont nous envisageons la convocation. Nous devons donc rechercher une solution à ce problème conformément à l' ecclésiologie de notre Eglise et non pas en répondant à d'éventuelles Opportunités. " (DISCOURS DU PRESIDANT, ACTES/CIP 1990, p. 14-15).

2. Les délibérations au sein de la précédente Commission interorthodoxe préparatoire furent menées sur la base, d'une part, des contributions des très saintes Eglises orthodoxes sur ce sujet, d'autre part, sur le rapport du Secrétariat pour la préparation du saint et grand concile - fondé lui-même sur les susdites études -enfin, sur les propositions des délégués des Eglises. Tous trois ont suscité des références circonstanciées à la tradition et la praxis conciliaires séculaires dans la recherche du consensus panorthodoxe sur la question. L'élaboration d'un premier projet de texte fut confié à un comité de rédaction ad hoc qui, travaillant dans l'esprit des discussions au plénum, tenta de formuler en propositions concrètes les réflexions des délégués des Eglises.

Le comité de rédaction formula unanimement certaines propositions; il constata cependant aussi l'existence de sérieuses difficultés à aboutir à la parfaite unanimité à propos de certaines questions importantes, lesquelles furent finalement soumises au jugement du plénum de la Commission interorthodoxe préparatoire. Les principaux points d'accord concernaient la nécessité impérieuse, d'une part, de favoriser immédiatement dans des régions plus ou moins étendues l'éclosion d'une conscience conciliaire même faible des évêques orthodoxes de toutes des juridictions canoniques, d'autre part, de manifester la volonté unanime que ces assemblées épiscopales régionales préparent le terrain pour une "solution strictement canonique du problème" de la Diaspora. Les principaux points de désaccord de certains représentants concernaient d'une part, le mode de désignation du président de l'Assemblée épiscopale de chaque région, d'autre part, la délimitation des régions concrètes où des assemblées épiscopales seraient créées.

Concernant principalement la présidence des assemblées épiscopales , il y eut accord sur le fait que celles-ci seront présidées par le premier parmi les prélats de la juridiction du Patriarcat oecuménique, en sa qualité de représentant du premier siège dans l'Eglise orthodoxe; néanmoins, certains délégués proposaient que la présidence soit exercée par un évêque élu et non pas en appliquant la tradition et la praxis canoniques, établies pour les réunions panorthodoxes. La formulation finale du paragraphe en question (2b) à propos de la présidence des assemblées épiscopales, unanimement approuvée, émergea d'une proposition de Son Eminence l'archevêque Clément de Kalouga et Borovsk, telle qu'elle fut en dernier complétée par Son Eminence le métropolite Georges du Mont-Liban. L'archevêque de Kalouga, à l'issue de longues discussions sur la question de la présidence, soumit la proposition suivante:

"Je peux proposer une autre formulation à la fin du paragraphe: "Sous la présidence du premier évêque, conformément à l'ordre des diptyques". Nous ne mettons pas en doute que, selon l'ordre des diptyques, le premier évêque soit le représentant de l'Eglise de Constantinople." (ACTES/CIP 1990, p. 251).

Cette proposition fut l'objet d'un accueil mitigé de la part de plusieurs délégués; elle fut cependant soutenu par Me Albert Laham qui dit:

"Je suggère que nous acceptions la proposition: "Les assemblées... sont présidées par le premier parmi les prélats conformément à l'ordre des diptyques". Et nous savons que l'ordre des diptyques donne la préséance à l'Eglise de Constantinople ." (ACTES/CIP 1990, p. 258)

Les nouvelles délibérations, que cette proposition suscita, ont davantage clarifié celle-ci et ont amené à la proposition complémentaire de Son Eminence le métropolite Georges du Mont-Liban qui déclara:

"Nous pouvons mentionner Constantinople pour plus de clarté et ajouter:

"autrement, en son absence, on suit l'ordre des diptyques"." (ACTES/CIP 1990, p. 259).

La formulation suggérée fut unanimement reçue et insérée telle quelle dans le document unanimement accepté; cependant, la délimitation des régions dans lesquelles les assemblées épiscopales seront créées fut remise, faute de temps, à la prochaine - à savoir à la présente - Commission interorthodoxe préparatoire.

3. Le texte unanimement accepté par la précédente Commission interorthodoxe préparatoire est le suivant:

"La Commission interorthodoxe préparatoire s'est réunie au Centre orthodoxe du Patriarcat oecuménique à Chambésy du 10 au 17 novembre 1990 sous la présidence de Son Eminence le métropolite Bartholomaios de Chalcédoine et avec la participation des représentants de toutes les Eglises orthodoxes et de leurs conseillers, dans le but de rechercher le consensus orthodoxe sur le thème de la "Diaspora orthodoxe".

Après le discours inaugural du Président et la lecture du rapport du Secrétaire pour la préparation du saint et grand Concile, le métropolite Damaskinos de Suisse, basé sur les contributions des très saintes Eglises orthodoxes, la Commission a discuté en détail l'ensemble de la question de la Diaspora orthodoxe et abouti à la décision de soumettre sa proposition sur la question à la prochaine IVe Conférence panorthodoxe préconciliaire:

1. a) La Commission a constaté que toutes les très saintes Eglises orthodoxes ont la volonté unanime que le problème de la Diaspora orthodoxe soit résolu le plus rapidement possible et que celle-ci soit organisée conformément à l' ecclésiologie orthodoxe, et à la tradition et la praxis canoniques de l'Eglise orthodoxe.

b) La Commission a aussi constaté que durant la présente phase il n'est pas possible, pour des raisons historiques et pastorales, de passer immédiatement à l' ordre canonique strict de l'Eglise sur cette question. Pour cette raison, elle est arrivée à la conclusion de proposer la création d'une situation transitoire qui préparera le terrain pour une solution strictement canonique du problème et qui sera basée sur des principes et des directives définis ci-dessous. Cette préparation ne doit pas excéder la date de convocation du futur saint et grand Concile de l'Eglise orthodoxe, de sorte que celui-ci puisse procéder à une solution canonique du problème.

2. a) La Commission propose que, pour la période transitoire où la solution canonique de la question sera préparée, soient créées dans chacune des régions définies ci-dessous des "assemblées épiscopales" réunissant tous les évêques reconnus canoniques de cette région, qui continueront à être soumis aux mêmes juridictions canoniques qu'aujourd'hui.

•  Ces assemblées seront composées de tous les évêques de chaque région, qui se trouvent en communion canonique avec toutes les très saintes Eglises orthodoxes, et seront présidées par le premier parmi les prélats de la juridiction de l'Eglise de Constantinople et, en l'absence de celui-ci, conformément à l'ordre des diptyques. Elles auront un comité exécutif formé des premiers hiérarques des diverses juridictions qui existent dans la région.

•  Le travail et la responsabilité de ces assemblées épiscopales seront de manifester l'unité de l'Orthodoxie et de veiller à développer une activité commune de tous les orthodoxes de la région pour satisfaire les besoins pastoraux des orthodoxes vivant dans la région, pour représenter en commun tous les orthodoxes face aux autres confessions et à l'ensemble de la communauté de la région, cultiver les lettres théologiques et l'éducation ecclésiastique, etc. Les décisions à ces sujets seront prises à la majorité."

Néanmoins, il ne faudrait pas perdre du vue le fait, que durant la dernière Commission interorthodoxe préparatoire aussi bien au sein du plénum que du comité de rédaction furent longuement débattues les questions d'une part, de délimitation des régions des assemblées épiscopales, d'autre part de principes généraux découlant de la tradition canonique pour le passage des assemblées épiscopales "à la solution canonique stricte du problème" de l'organisation de la Diaspora. Les avis exprimés sur ces questions par les représentants des Eglises sont consignés dans les actes de la Commission de 1990 et figurent dans les propositions du Comité de rédaction, sans certes refléter une unanimité sur tous les points. Le document intitulé " Projet de texte " qui, faute de temps, n'a pu être étudié, contient ces propositions et vous est présenté pour faciliter le travail de la notre Commission interorthodoxe préparatoire:

"1, Le travail, la mission et le fonctionnement des assemblées épiscopales seront définis ci-dessous:

a) Les régions dans lesquelles de telles assemblées seront créées
sont les suivantes:

i. Etats-Unis. ii. Canada, iii. Amérique latine, iv. Australie, v. Grande Bretagne , vi. France , vii. Belgique et Hollande, viii. Autriche et Italie.

b) Ces assemblées sont chargées de préparer un projet de règlement
canonique et définitif de la question de la Diaspora sur la base
des principes généraux et des directives suivants:

i. L'organisation des paroisses de chaque diocèse doit donner la possibilité d'existence de paroisses qui serviront les particularités linguistiques, nationales et culturelles de ces paroisses soumises à l'évêque unique du diocèse en question.

ii Dans chaque Heu (une ville ou une région clairement délimitée) il ne doit exister qu'un seul évêque (canon 8 du I Concile oecuménique).

iii. Les limites des diocèses doivent être clairement définis.

iv. Dans chacune des régions susmentionnées, où seront créées des assemblées épiscopales <2b ci-dessus>, il faudra définir parmi les diocèses de la région celui qui sera le premier siège dont l'évêque présidera toutes les réunions communes (liturgiques, administratives...) des évêques de la région. Jusqu'au moment où ces régions deviendront éventuellement des Eglises autocéphales, ce premier évêque aura, selon l'ordre des diptyques, sa référence au Patriarche oecuménique.

v. Ce projet de restructuration canonique doit s'accomplir par les assemblées épiscopales en question avant la convocation du saint et grand Concile et soumis à temps aux Eglises orthodoxes par la procédure canonique établie.

2. Les Eglises orthodoxes s'engagent à ne pas procéder à des actes pouvant entraver le processus susmentionné pour le règlement canonique de la question de la Diaspora, y compris la création de nouveaux diocèses dans la Diaspora, en plus de ceux déjà, existants. Au contraire, les Eglises, en leur qualité d'Eglises-mères, feront tout leur possible pour parvenir à la normalité dans Tordre canonique sur la base des principes susmentionnés."

4. Le Secrétariat pour la préparation du saint et grand Concile considère positivement l'unanimité à laquelle la précédente Commission interorthodoxe préparatoire est parvenue sur les questions traitées par le Texte adopté au sujet de la Diaspora. Certes, il ne s'agit là que d'un premier pas, mais d'un pas important dans la bonne direction. La prochaine IVe Conférence panorthodoxe préconciliaire, à laquelle le document est adressé, aura sous les yeux une proposition concrète; cette dernière, bien que n'étant pas entièrement conforme à l'ordre canonique strict (l'acribie), constitue sûrement un arrangement par économie pour pallier aux réelles difficultés existantes. Les assemblées épiscopales seront renforcées par la mise en action continue de la conscience conciliaire de sorte qu'elles pourront accélérer leur passage à l'ordre canonique strict, conforme à la tradition commune de l'Eglise.

Nul n'ignore qu'aussi longtemps que chaque Diaspora nationale continuera à dépendre de son Eglise mère, les timides règlements proposés ne pourront pas remédier au morcellement juridictionnel de la Diaspora orthodoxe. Cependant, pour remédier à la réalité des situations existantes depuis longtemps il nous est toujours permis de procéder progressivement pour rétablir P"acribie" canonique. En effet, il ne fait pas de doute que la mise en fonction des assemblées épiscopales, tôt ou tard, estompera l'antagonisme juridictionnel et deviendra coopération constructive pour manifester l'unité de témoignage de l'Orthodoxie dans la diversité des nations. Dans cet esprit, pourront être aussi réglées d'autres questions plus spécifiques au sujet des assemblées épiscopales, propres bien évidemment et inévitablement à la période transitoire (référence ecclésiastique, ìíçìüóõíïí canonique etc.). Ces questions pourraient s'inscrire dans la perspective des principes canoniques généraux qui seront proposés aux assemblées épiscopales dans leur passage de l'actuel régime d'économie ecclésiastique à l'ordre canonique strie de la tradition orthodoxe.

Le principal but de la notre Commission sera donc de compléter le travail de la précédente Commission interorthodoxe préparatoire sur tous les points compris dans le document intitulé: " Projet de texte qui sera étudié par la prochaine Commission interorthodoxe préparatoire". Ce projet de devrait pas cependant nous amener à reprendre les discussions sur chacune des questions déjà débattues car un tel choix nous empêcherait pratiquement de compléter l'examen de tous les sujets à l'ordre du jour. Le travail de la précédente Commission sur la Diaspora sera complété par la nôtre au moyen d'un document traitant spécialement les questions restées en suspens. Il sera adressé à la prochaine IVe Conférence panorthodoxe préconciliaire qui formulera la proposition finale à soumettre au saint et grand Concile.

C'est dans cet esprit que fut interprété l'ensemble de l'oeuvre produite par la précédente Commission interorthodoxe, laquelle définit aussi notre mandat spécial à propos de la Diaspora. Cet esprit ressort du discours de son Président Bartholomaios, à l'époque métropolite de Chalcédoine et à présent Patriarche oecuménique, qui résuma les conclusions unanimement acceptées en ces termes:

"Nous sommes donc tous d'accord sur la proposition concrète que Me Laham a faite, en énumérant les points sur lesquels nous sommes parvenus à un accord grâce à Dieu et en proposant la convocation rapide d'une deuxième Commission interorthodoxe préparatoire. La tâche de cette deuxième Commission sera de poursuivre t'examen de la question de la Diaspora sur le projet de texte existant, notamment, la référence, la discussion et la prise de décision sur la distribution géographique des diverses régions et sur les principes fondamentaux qui régiront le travail des assemblées épiscopales dans chaque région... Donc, malgré les différences des points de vue, nous sommes en mesure de répondre en fin de compte au mandat de nos Eglises, à notre devoir vis-à-vis du peuple de Dieu et, s"agissant de la question de la Diaspora, vis-à-vis du peuple de Dieu qui vit dans la Diaspora, qui est confronté à tellement de problèmes dans un environnement étranger et hétérodoxe, et qui attend des Eglises de le guider pour marcher souvent au milieu de nombreux pièges ." (ACTES/CIP 1990, p. 260-261)."

Son Eminence le secrétaire lut également son rapport au plénum sur le thème: "L'autocéphalie et la manière de la proclamer". Il y présentait les prises de position - convergentes et divergentes - des très saintes Eglises orthodoxes telles qu'elles figuraient dans leurs contributions envoyées au Secrétariat pour la préparation du saint et grand Concile. De cet aperçu, le métropolite Damaskinos tira les conclusions suivantes:

"a'. Toutes les contributions des Eglises s'accordent pleinement sur l'assise ecclésiologique et l'application ecclésiastique de l'institution de l'autocéphalie dans l'Eglise orthodoxe. Les contributions ne présentent donc pas de points de désaccord sur cette question de fond, qui est laissée de côté comme évidente dans la tradition et la praxis orthodoxes."

b'. Toutes les contributions des Eglises, en dépit des différenciations signalées, s'accordent finalement sur le fait que seule la tradition canonique - séculaire et conséquente - de l'Eglise est en mesure d'offrir une base communément admissible pour faire face aux problèmes actuels. Toute déviation par rapport à la tradition canonique est considérée comme impensable, même si les critères d'interprétation de cette tradition sont différents, portant soit sur les principes canoniques soit sur leurs applications au cours de l'histoire, constatation qui ressort des contributions envoyées sur ce thème.

c. Toutes les contributions des Eglises s'accordent pleinement dans la description qu'elles font des présupposés ecclésiastiques et réels, requis pour l'octroi de l'autocéphalie à une Eglise locale. Ces présupposés sont plus systématiquement exposés au chapitre 6 (sous lettres a'-h') de la contribution du Patriarcat oecuménique.

d. Toutes les contributions des Eglises s'accordent sur le fait que, pour proclamer l'autocéphalie d'une Eglise, le consensus panorthodoxe est nécessaire, soit qu'il se manifeste a priori et sur l'initiative consacrée du Patriarcat oecuménique, soit qu'il s'exprime a posteriori sur proposition de l'Eglise-mère, soit encore dune façon combinée. Indépendamment de l'approche envisagée, la conscience orthodoxe sous-jacente est claire: pour proclamer l'autocéphalie dune Eglise locale, la seule autorité dune Eglise autocéphale ne suffit pas. En d'autres termes, il n'est pas concevable d'octroyer une autocéphalie canonique sans la confirmation préalable du consensus panorthodoxe.

e'. Toutes les contributions des Eglises, notamment celle du Patriarcat oecuménique, soulignent le rapport fonctionnel entre institution d autocéphalie, ou même administration ecclésiastique plus généralement, et responsabilité commune de toutes les Eglises orthodoxes locales pour sauvegarder l'unité de l'Eglise dans la communion de la foi et le lien de l'amour. Ce rapport fonctionnel détermine aussi leur soin commun de rester fidèlement attachées aux principes consacrés de la tradition canonique séculaire et d'éviter d'aborder l'institution de l'autocéphalie par le truchement d approches ou d interprétations unilatérales ou commandées par les circonstances historiques.

f. Toutes les contributions des Eglises s'accordent plus ou moins sur la signification panorthodoxe que revêt l'acte de faire entrer une Eglise locale à titre égal dans la communion des Eglises autocéphales. Cependant,
certaines contributions envisagent un lien de spécificité ou même de soumission dune Eglise locale envers son Eglise-mère, qui réserverait même à cette dernière le droit d'abolir unilatéralement l'autocéphalie octroyée. Le fondement ecclésiologique et canonique de l'autocéphalie garantit l'égalité de toutes les Eglises autocéphales et ne permettrait pas la distinction entre autocéphalie principale et autocéphalie dépendante au sein de la communion des Eglises orthodoxes.

g. Toutes les contributions des Eglises soulignent la périchorèse bien connue entre localité et oecuménicité dans la tradition et la praxis de l'Orthodoxie, selon laquelle au sein de l'Eglise locale c'est l'esprit entier du témoignage oecuménique de l'Orthodoxie qui se manifeste, alors qu'au sein de l'Eglise orthodoxe universelle c'est l'esprit entier de toutes les Eglises autocéphales qui se manifeste, toujours sous la diaconie de coordination du Patriarcat oecuménique. Selon la décision unanime de toutes les très saintes Eglises orthodoxes, cette tradition canonique fonctionne aussi dans le contexte de la préparation institutionnelle du travail du saint et grand Concile, ce dont atteste l'acceptation unanime du Règlement des Conférences panorthodoxes. La pratique actuelle peut aussi servir de modèle de consensus panorthodoxe au fonctionnement de l'autocéphalie en tant qu'institution de l'Eglise.

h'. Toutes les contributions montrent que les Eglises sont pleinement conscientes de la gravité du thème examiné et des conséquences imprévisibles ou même incontrôlables d'une déviation par rapport à la tradition canonique consacrée, relative au fonctionnement des structures d'organisation de l'Eglise orthodoxe. De légères déviations dictées par l'histoire pourraient ébranler le fondement ecclésiologique en soi du lien fonctionnel entre formes administratives et unité de l'Eglise ou encore conduire à un morcellement - incontrôlable par la conscience ecclésiale - de l'Orthodoxie en une multitude d'Eglises autocéphales. Cette responsabilité incombe aussi à la présente Commission interorthodoxe préparatoire.' 1

Nous reproduisons ci-dessous les deux documents approuvés par la Commission interorthodoxe préparatoire, celui concernant la "Diaspora orthodoxe" et celui concernant l' Autocéphalie":

 

LA DIASPORA ORTHODOXE

1. Les régions dans lesquelles des assemblées épiscopales seront créées dans une première étape, seront définies comme suit:

i. Amérique du Nord et Amérique Centrale

ii. Amérique du Sud

iii. Australie

iv. Grande Bretagne

v. France

vi. Belgique et Hollande

vii. Autriche et Italie

viii. Allemagne.

Les évêques de la Diaspora, qui résident dans la Diaspora et ont des paroisses dans plusieurs régions, seront membres des assemblées épiscopales de ces régions et continueront d'exercer leur juridiction sur les paroisses déjà existantes qui ne sont pas inclues dans une des régions susmentionnées.

2. Le projet de règlement, qui sera préparé par le Secrétariat pour la préparation du saint et grand Concile selon la procédure approuvée par le plénum, sera rédigé sur la base du texte approuvé par la IIe Commission interorthodoxe préparatoire (parg. 2 c), et utilisant les modèles déjà existants d'assemblées épiscopales et dans le cadre de la tradition canonique orthodoxe, et c'est la prochaine IVe Conférence panorthodoxe préconciliaire qui en décidera.

•  Ces assemblées, qui seront constituées après la décision de la IVe Conférence panorthodoxe préconciliaire, auront la responsabilité de compléter les détails du projet de règlement de fonctionnement et de l'application avant la convocation du saint et grand Concile. Durant ce stade d'application, il serait préférable que les propositions au sein des assemblées épiscopales expriment, si possible, l'unanimité des membres; à défaut d'unanimité, les propositions seront approuvées d'après le principe de la majorité.

•  Les présidents des assemblées épiscopales convoquent et président toutes les réunions des évêques de leurs régions (liturgiques, pastorales, administratives etc.). Quant aux questions d'intérêt commun qui, sur décision de l'assemblée épiscopale, nécessitent d'être examinées à l'échelon panorthodoxe, le président de celle-ci se réfère au Patriarche oecuménique pour que suite soit donnée selon la pratique panorthodoxe.

•  Les Eglises orthodoxes s'engagent à ne pas procéder à des actes pouvant entraver le processus susmentionné pour régler de façon canonique la question de la Diaspora, y compris la création des nouveaux diocèses dans la Diaspora, en plus de ceux déjà existants. Au contraire, ces Eglises, en leur qualité d'Eglises-mères, feront tout leur possible pour faciliter le travail des assemblées épiscopales et rétablir la normalité de l'ordre canonique dans la Diaspora."

 

L'AUTOCÉPHALIE ET LA MANIÈRE DE LA PROCLAMER

"La Commission interorthodoxe préparatoire, après avoir travaillé sur la base des contributions des très saintes Eglises orthodoxes et du rapport du Secrétaire pour la préparation du saint et grand Concile de l'Eglise orthodoxe sur la question de l'autocéphalie et la manière de la proclamer, a examiné les dimensions ecclésiologiques, canoniques, pastorales et pratiques de l'institution de l'autocéphalie dans l'Eglise orthodoxe, et a abouti aux conclusions suivantes:

1. L'institution de l'autocéphalie exprime de façon authentique un des aspects fondamentaux de la tradition ecclésiologique orthodoxe sur les rapports de l'Eglise locale et de l'Eglise universelle de Dieu. Ce lien profond entre l'institution canonique de l'autocéphalie ecclésiastique et l'enseignement ecclésiologique orthodoxe concernant FEglise locale justifie tant la sensibilité des Eglises orthodoxes autocéphales locales pour le règlement des problèmes existants quant au fonctionnement correct de l'institution que leur volonté de participer, par leurs contributions circonstanciées, à la mise en valeur de cette institution pour le profit de l'unité de l'Eglise orthodoxe.

2. La périchorèse entre localité et oecuménicité, fidèle à l' ecclésiologie orthodoxe, détermine le rapport fonctionnel entre l'organisation administrative et l'unité de l'Eglise. De ce fait un accord total fut constaté quant à la place de l'institution de l'autocéphalie dans la vie de l'Eglise orthodoxe.

3. Un accord total fut constaté en ce qui concerne les conditions canoniques que requiert la proclamation de l'autocéphalie d'une Eglise locale, à savoir le consentement et faction de l'Eglise-mère, l'obtention du consensus panorthodoxe et le rôle du Patriarcat oecuménique et des autres Eglises autocéphales dans la procédure de proclamation de l'autocéphalie. Selon cet accord:

a. L'Eglise-mère, qui reçoit une demande (l'autocéphalie de la part d'une région ecclésiastique qui dépend d'elle évalue si les conditions ecclésiologiques, canoniques et pastorales sont remplies pour l'octroi de l'autocéphalie. Dans le cas où le Synode local de l'Eglise-mère, en tant que son organe ecclésiastique suprême, donne son consentement à la demande, il soumet sa proposition à ce sujet au Patriarcat oecuménique pour la recherche du consensus panorthodoxe. Elle en informe les autres Eglises autocéphales locales.

b. Le Patriarcat oecuménique, selon la pratique panorthodoxe, communique par lettre patriarcale, tous les détails concernant ladite demande et recherche l'expression du consensus panorthodoxe. Le consensus panorthodoxe s'exprime par la décision unanime des synodes des Eglises autocéphales.

c. En exprimant le consentement de l'Eglise-mère et le consensus panorthodoxe, le Patriarche oecuménique proclame officiellement l'autocéphalie de l'Eglise requérante par la publication d'un Tomos patriarcal. Le Tomos est signé par le Patriarche oecuménique. Il est souhaitable qu'il soit co-signé par les Primats des Eglises autocéphales, mais doit en tout cas l'être par le Primat de l'Eglise-mère.

4. L'Eglise locale proclamée autocéphale est intégrée dans la communion des Eglises autocéphales en tant que membre à part entière et jouit de tous les privilèges canoniques, consacrés par la pratique panorthodoxe (Diptyques, commémoration, relations interorthodoxes etc.).

Note:

Le contenu du paragraphe 3c fut renvoyé pour complément d'examen à la prochaine Commission interorthodoxe préparatoire qui recherchera le consensus des Eglises orthodoxes locales sur cette question, complétant ainsi son travail sur ce thème."

Voici enfin le Communiqué officiel divulgué par le Secrétariat pour la préparation du saint et grand Concile à l'issue des travaux de la Commission interorthodoxe préparatoire:

La Commission interorthodoxe préparatoire au saint et grand Concile s'est réunie du 7 au 13 novembre 1993 au Centre orthodoxe du Patriarcat oecuménique à Chambésy, Genrve. Ses travaux ont débuté avec la célébration panorthodoxe de la divine liturgie et se sont déroulés avec la participation des délégations des très saintes Eglises orthodoxes locales.

La présidence de la Commission était assurée par Son Eminence le métropolite Chrysostome d'Ephèse, délégué du Patriarcat oecuménique. Elle avait pour secrétaire Son Eminence le métropolite Damaskinos de Suisse, secrétaire pour là préparation du saint et grand Concile.

La tâche de la Commission était de compléter le consensus des Eglises orthodoxes locales sur la question de la Diaspora orthodoxe, de dégager, d'autre part, leur consensus sur les questions de l'Autocéphalie et la manière de la proclamer et de l'autonomie et la manière de la proclamer. Après le discours inaugural du Président et la lecture du rapport complémentaire du Secrétaire sur la question de la Diaspora orthodoxe concernant les aspects qui étaient restés en suspens, ainsi que la lecture du rapport circonstancié sur les questions de l'Autocéphalie et la manière de la proclamer, la Commission a discuté en détail ces questions. La question de l'Autonomie et la manière de la proclamer fut renvoyée, faute de temps, à la prochaine Commission interorthodoxe préparatoire.

Après avoir examiné ces deux questions, la Commission interorthodoxe a formulé sur elles le consensus unanime des Eglises locales:

•  elle a défini, dans un document concis et circonstancié, d'une part, les régions où des assemblées épiscopales seront créées, d'autre part, la procédure pour l'arrangement transitoire de l'organisation de la Diaspora orthodoxe par région jusqu'à la convocation du saint et grand Concile;

•  elle a demandé au Secrétariat pour la préparation du saint et grand Concile de préparer un projet de Règlement de fonctionnement des assemblées épiscopales, valable pour la période transitoire de l'organisation de la Diaspora orthodoxe, règlement joint au dossier relatif qui sera soumis à la IVe Conférence panorthodoxe préconciliaire. Elle a, à cet effet, demandé au Secrétariat d organiser aussi des rencontres interorthodoxes pour approfondir certains aspects de cette question;

•  eue a consigné dans un document circonstancié et concis le consensus des Eglises orthodoxes sur la question de l'Autocéphalie et la manière de la proclamer, en décrivant aussi la procédure à suivre en la matière, et a renvoyé à la prochaine Commission interorthodoxe préparatoire pour une élaboration complémentaire certains aspects de cette procédure;

•  elle a exprimé le souhait que la prochaine Commission interorthodoxe préparatoire soit convoquée par Sa Sainteté le Patriarche oecuménique le plus tôt possible.

Chambésy, Genève, le 13 novembre 1993."

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