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Structure et mission des Assemblées épiscopales

Georges Zacharioudakis

1. La Mission de la Diaspora orthodoxe

La mission que les Assemblées épiscopales doivent réaliser d'après les décisions de la IVe Conférence panorthodoxe préconciliaire tenue à Chambésy de Genève (2009) est très importante, tenant compte le fait que le nombre de la Diaspora orthodoxe a connu une augmentation étonnante, surtout après l'effondrement des régimes communistes (1991) et continue à s'accroître rapidement. Nous constatons que la présence de la Diaspora orthodoxe est nombreuse dans les régions où il y a aussi d'autres communautés chrétiennes et hétérodoxes. Ce nombre grandit aussi la responsabilité et les défis pour le monde orthodoxe et surtout les Assemblées épiscopales qui sont appelées de se collaborer entre elles et d'assumer leurs responsabilités, ayant conscience de la riche héritage orthodoxe que doivent mettre en avant, préserver et cultiver parmi les ouailles de la Diaspora orthodoxe sous la lumière de notre Sauver Jésus Christ.

C'est très significatif le fait que le IVe Conférence panorthodoxe préconciliaire dans les textes des propositions décrit de manière explicite le but et la responsabilité des Assemblées épiscopales de manière suivante: ‘ Ces Assemblées épiscopales auront pour travail et responsabilité de veiller à manifester l'unité de l'Orthodoxie et à développer une action commune de tous les orthodoxes de chaque région pour remédier aux besoins pastoraux des orthodoxes vivant dans la région, représenter en commun tous les orthodoxes vis-à-vis des autres confessions et l'ensemble de la société de la région, cultiver les lettres théologiques et l'éducation ecclésiastique, etc ' (1). Par le texte précité nous constatons les grandes attentes de l'Église orthodoxe par les Assemblées épiscopales établies dans les régions suivantes: Amérique du Nord et du Sud, Australie, N. Zélande et Océanie, Grand Bretagne et l'Irlande, France, Belgique, Pays Bas et Luxembourg, Autriche, Italie et Malt, Suisse, Lichtenstein, Allemagne, pays Scandinaves, Espagne et Portugal (2).

a) L'unité entre les différentes identités nationales orthodoxes qui habitent dans les régions de la Diaspora orthodoxe est le premier et le plus important but que les Assemblées épiscopales doivent affranchir. Cette unité peut être réalisée d'abord au sein des Assemblées épiscopales qui ainsi auront la possibilité de se collaborer comme un corps, vu que l'unité ecclésiale dérive de l'un et unique corps historique et éternel du Christ (3) qui est l'Église (4) pour mettre en œuvre une diaconie ecclésiale bénie par Dieu. D'autre coté, il est vrai que l'unité entre les pasteurs orthodoxes dans les régions de la Diaspora orthodoxe peut fonctionner comme un exemple que leurs ouailles orthodoxes doivent imiter.

La réalisation de l'unité parmi les diasporas orthodoxes aiderait la résolution des problèmes qui préoccupe à nos jours la Diaspora orthodoxe de nature ecclésiologique, administrative, ecclésiale et pastorale. En ce sens, un résultat pareil jouerait un rôle déterminant pour la résolution ou l'atténuation du phénomène des mariages mixtes qui posent encore des problèmes dans la Diaspora orthodoxe, surtout lors de derrières décennies. L'achèvement de ce but, c'est-à-dire la réalisation de l'unité de l'esprit de coexistence harmonieuse du clergé et du peuple orthodoxe dans la Diaspora constituera un modèle et un sort de témoignage de l'Orthodoxie adressé au reste du monde chrétien. En effet, le meilleur message que l'homme orthodoxe de nos jours peut donner est l'expérience mystique et la spiritualité ascétique qui dérivent de la tradition patristique orthodoxe.

Par conséquent, l'idéal apostolique, ainsi que le témoignage fiable de la foi transmise constituent la grande responsabilité que les Assemblées épiscopales de la Diaspora orthodoxe doivent assumer, d'une part, car elles s'activent dans des milieux non orthodoxes, et, d'autre part, car il est un devoir fondamental pour chaque chrétien, et, surtout un membre du clergé, de transmettre la vérité de l'Evangile et prêcher le Christ crucifié et ressuscité, ainsi que le salut offert par la vraie foi et la nouvelle vie en Christ au sein de l'Église orthodoxe. Au fil du temps c'est le sermon diachronique de l'Église, mentionné d'ailleurs dans l' Encyclique du Saint et Grand Synode de Crète (juin, 2016): « l'Église orthodoxe accorde une grande importance au dialogue, notamment avec les chrétiens hétérodoxes. Moyennant ce dialogue, les autres chrétiens connaissent désormais mieux l'Orthodoxie et la pureté de sa tradition... Les dialogues engagés par l'Église orthodoxe n'ont jamais signifié et ne signifieront jamais faire des compromis d'aucune sorte en matière de foi. Ces dialogues sont un témoignage de l'orthodoxie étayé sur le message évangélique : « Viens et vois » ( Jn 1, 46) et «Dieu est amour » (I Jn 4, 8)» (5). Tous les orthodoxes nous sommes appelés de communiquer cette vérité non seulement au sein de la Diaspora orthodoxe, mais aussi au dialogue interreligieux qui ‘… contribue au développement d'une confiance mutuelle dans la promotion de la paix et de la réconciliation ' (6) .

b) La catéchèse Les Assemblées épiscopales ne peuvent pas mépriser leur devoir pour une catéchèse permanente des peuples orthodoxes dans la Diaspora, pour éviter la tendance la société contemporaine et ‘ l'idée de soustraire totalement l'humain au Christ et à l'influence spirituelle de l'Église, de surcroît, en assimilant arbitrairement celle-ci au conservatisme ' (7). Par conséquent, la catéchèse selon la foi des Pères des sept Conciles œcuméniques et dans la nouvelle vie en Christ, offerte par l'Église pendent plus de deux mille ans est un besoin impératif pour le monde orthodoxe, car elle expose la vérité de la foi salvatrice du Dieu-homme et de Son Corps, l'Église, en tant que lieu et mode de vie en liberté (8). En effet, l'Église orthodoxe ainsi que les Assemblées épiscopales dans la Diaspora, doivent prendre en considération que la catéchèse occupe le centre de la diaconie pastorale et s'adresse aux jeunes qui se caractérisent par une sensibilité spirituelle afin de leur offrir une éducation en Christ et de leur apprendre à participer dans la vie sacramentelle et spirituelle de l'Église. En ce sens, il est recommandé de faire la catéchèse et d'organiser le rassemblement des jeunes hommes au sein de l'Église. D'ailleurs, l'Église prêche le salut de toute l'humanité, étant donné que le Christ est ‘ le chemin, la vérité et la vie' (9) . Donc, l'Église a besoin de la participation des jeunes à sa vie à l'avenir tant de poste des pasteurs que des laïcs. Pour cette raison l'Église orthodoxe dans l'Encyclique du Synode souligne que ‘ elle appelle affectueusement le peuple de Dieu, la jeunesse notamment, à la participation consciente et active à la vie de l'Église, en cultivant chez elle «l'aspiration parfaite » à la vie en Christ ' (10).

Néanmoins, la société sécularisée de nos jours constitue la plus grande menace pour les fidèles orthodoxes, car la sécularisation signifie aussi les refus d'abstinence et, en général, de la spiritualité ascétique. En effet, la sécularisation soustraite à l'homme l'occasion ou même sa volonté de vivre véritablement la vie sacramentelle de l'Église, de se libérer de ses passions pour purifier son cœur et réaliser à la ressemblance de Dieu sa déification par la grâce divine (11) . Ainsi, les Assemblées épiscopales développent la vie ecclésiale orthodoxe dans la Diaspora orthodoxe et peuvent contribuer de manière décisive à la vie chrétienne, donnant le témoignage authentique du point de vue orthodoxe et de la nouvelle vie en Christ dans ce monde. Dans ces cadres, elles peuvent aussi donner leur témoignage orthodoxe sur la foi, la tradition et l'esprit ascétique que l'Église orthodoxe prêche, mais aussi sur des questions d'actualité qui constituent la problématique des sociétés d'Occident, en mettant en avant le point de vue orthodoxe.

c) Une réponse orthodoxe aux questions d'actualité Il s'agit de nombreuses questions concernant lesquelles, l'enseignement orthodoxe et la vie ecclésiale peuvent apporter des réponses et des positions que les sociétés sécularisées d'Occident ne parviennent pas à donner. Un exemple représentatif est la question d'écologie, un sujet qui préoccupent les dernières décennies l'Église orthodoxe et plus précisément Sa Sainteté le Patriarche œcuménique Bartholomaios qui invoque une approche orthodoxe. Ainsi, le Saint et Grand Synode de l'Église orthodoxe sur cette question prescrit: « l'Église orthodoxe participe activement aux différents efforts internationaux en faveur de l'environnement. Elle a fait du 1er septembre le jour de prière pour la protection de l'environnement naturel » (12) Grâce à cette sensibilité écologique que le Patriarcat œcuménique montre les dernières années, plusieurs articles importants ont été rédigés pour exposer et analyser le point de vue orthodoxe sur la question, soulignant la tradition ascétique et le respect de la création de Dieu.

d) Les études théologiques Le témoignage orthodoxe et la vérité ecclésiale exprimée dans la société moderne non orthodoxe se renforcent par le développement des études théologiques qui mettent en avant la position orthodoxe sur des questions d'actualité. La fondation des écoles de théologie orthodoxe qui s'occupent de la pensée et la tradition orthodoxe peut mettre en valeur de pépinières d'études théologiques dans les régions de la Diaspora orthodoxe qui avec leur contribution au niveau académique-théologique contribueront tant à la présence active de la Diaspora orthodoxe, qu'au dialogue avec les milieux non orthodoxes dans ces régions.

Plusieurs sont les exemples des écoles théologiques que nous pouvons invoquer pour montrer leur utilité et leur importance capitale pour la théologie et la vie orthodoxe. Un exemple d'école théologique représentatif est l'Institut d'études supérieures en Théologie orthodoxe du Centre Orthodoxe du Patriarcat œcuménique à Chambésy -Genève qui fonctionne les derrières décennies, dont la contribution à la théologie orthodoxe et la vie ecclésiale est inestimable, si nous tenons compte les plusieurs publications scientifiques en français, en anglais et en d'autres langues et aussi la présence et la mise en avant de la théologie orthodoxe à travers aussi les Colloques scientifiques qu'il organise.

Un autre exemple est l'Institut de Saint Serge à Paris, dont la contribution aux lettres théologiques les derrières décennies est reconnue au niveau international, ayant comme point de référence de grandes personnalités de la théologie orthodoxe du 20 e siècle qui y ont enseigné. Il y a plusieurs exemples des écoles théologiques pareilles dans la Diaspora orthodoxe et leur contribution est déterminante non seulement pour la Diaspora en général, mais aussi parce qu'elles constituent la fenêtre de a théologie orthodoxe au monde chrétien de l'Europe, de l'Amérique, d'Australie etc.

e) La vie liturgique Le développement de la vie ecclésiale et liturgique au sein de la Diaspora orthodoxe est impératif, à cause de l'augmentation rapide du nombre des ouailles orthodoxes faisant ainsi les besoins pastoraux encore plus exigeantes. La fondation des communautés orthodoxes qui sont en relation avec l'Église catholique romaine et les Confessions protestantes rend nécessaire le développement de la vie liturgique qui doit être accessible par tous les membres de ces communautés. Ceci pourrait être réalisé grâce à la traduction des textes liturgiques à la langue courante de communautés orthodoxes. En ce sens, la langue liturgique et le Typicon des Églises orthodoxes de la Diaspora doit être la langue maternelle des communautés qui, d'ailleurs, appartiennent à la juridiction de l'Eglise mère du pays de leur origine. Evidemment, la traduction est nécessaire non seulement pour des textes liturgiques, mais aussi pour des textes patristiques, théologiques, ascétiques, catéchétiques etc.

Mis à part la traduction des textes liturgiques et des éditions patristiques pour répondre aux besoins des communautés récemment établies, il est nécessaire aussi de rédiger des nouveaux textes liturgiques qui comblent des lacunes des nouveaux besoins pastoraux. Par exemple, il est indispensable de rédiger des nouvelles acolouthies pour honorer les saints des certaines régions de la diaspora orthodoxe qui sont vécus la période qui a précédé du grand Schisme de 1054 et demeurent inconnus aux Églises de la Diaspora orthodoxe de l'Europe centrale pour différentes raisons.

f) Les mariages mixtes Le phénomène des mariages mixtes, comme nous l'avons déjà souligné, constitue une question délicate qui inquiète l'Église orthodoxe, surtout la Diaspora, vu que la célébration des mariages mixtes est devenue un phénomène assez fréquent. Comme le souligne les décisions du Saint et Grand Synode de l'Église orthodoxe, ‘ Le mariage entre des orthodoxes et des non-orthodoxes est empêché selon l'acribie canonique (canon 72 du Concile Quinisexte in Trullo)' (13) . Cependant, l'Église orthodoxe autorise la célébration des mariages mixtes selon l'économie canonique pour des raisons pastorales: « Il importe que la possibilité d'appliquer l'économie ecclésiale concernant les empêchements au mariage soit décidée par le Saint-Synode de chaque Église orthodoxe autocéphale, conformément aux principes des saints canons et dans un esprit de discernement pastoral en vue du salut de l'homme » (14) . Il est très significatif le fait que le Saint Synode permet au Synode de chaque Église orthdoxe autocéphale de prendre position envers ce phénomène afin de l'apaiser, vu qu'il constitue un danger permanent pour l'avenir de la Diaspora orthodoxe. Il faut noter que la question des mariages mixtes a préoccupé de manière intense l'Église orthodoxe qui l'a examiné lors des travaux du Saint et Grand Synode, tenu en Crète (juin 2016). Ainsi, dans le texte titré ‘ Le Sacrement du mariage et ses empêchements ' nous trouvons la phrase suivante: « 5. i. Le mariage entre des orthodoxes et des non-orthodoxes est empêché selon l'acribie canonique (canon 72 du Concile Quinisexte in Trullo). ii. Il importe que la possibilité d'appliquer l'économie ecclésiale concernant les empêchements au mariage soit décidée par le Saint-Synode de chaque Église orthodoxe autocéphale, conformément aux principes des saints canons et dans un esprit de discernement pastoral en vue du salut de l'homme » (15). Donc, il est évident que l'Église orthodoxe accepte pour des raisons de l'économie ecclésiale et pastorales les mariages mixtes, tenant compte du fait qu'elle doit faire face à ce phénomène qui le préoccupe de façon intense. Pour traiter ce phénomène largement répandu dans la Diaspora orthodoxe on doit renforcer la collaboration entre les évêques orthodoxes qui ont la responsabilité pastorale d'aider et servir les ouailles orthodoxes de les rappeler aussi l'importance de la foi orthodoxe pour les couple des mariés.

A notre avis, la question des mariages mixtes (16) peut être résolue si les pasteurs de la Diaspora orthodoxe l'envisagent avec la sensibilité pastorale convenante, en adoptant des pratiques qui renforcent les relations entre les différentes communautés nationales de la Diaspora orthodoxe, indépendamment de leur origine nationale et de leur langue. Suivant cette pratique qui met en avant l'élément qui unie les communautés, à savoir la foi orthodoxe, on pourrait avoir une limitation du phénomène des mariages mixtes, célébrés dans un entourage de majorité des gens catholiques et protestants.

g) Dialogue interchrétien Une autre mission très importante que les Assemblées épiscopales doivent accomplir est la réalisation d'un dialogue théologique avec d'autres communautés chrétiennes ou de groupes religieux dans les cadres de leurs devoirs qui dérivent de leur mission apostolique, à savoir l'action missionnaire et pastorale. Le texte du Saint et Grand Synode qui fait mention aux relations de l'Église orthodoxe avec le reste du monde chrétien souligne de manière explicite que ‘ L'Église orthodoxe, étant l'Église une, sainte, catholique et apostolique, croit fermement, dans sa conscience ecclésiale profonde, qu'elle occupe une place prépondérante pour la promotion de l'unité chrétienne dans le monde d'aujourd'hui ' (17) . En ce sens, l'évangélisation du salut en Christ prêchée par l'Église orthodoxe constitue un devoir pour tous les chrétiens. Il s'ensuit que ce devoir est un des buts principaux des Assemblées épiscopales, comme d'ailleurs l'avait souligné le président de la IVe Conférence panorthodoxe préconciliaire ( Chambésy -Genève 2009), Jean de Pergame qui accorde plus d'attention sur la parole commune que les Assemblées épiscopales doivent articuler vis-à-vis les hétérodoxes: « Si les évêques ne veillent pas, par l'intermédiaire des Assemblées épiscopales, à élaborer une position commune vis-à-vis des autres confessions, des autres religions, etc., et s'ils développent des relations séparées, par exemple, des dialogues sépares, à mon avis, cela affaiblit les Assemblées. Parmi les buts des Assemblées il y a précisément la manifestation de la voix commune de l'Église orthodoxe vis-à-vis des hétérodoxes, peut-être aussi vis-à-vis des autres religions. Certes, les Églises orthodoxes locales peuvent établir une relation séparée avec telle ou telle religion. Cependant, je ne voudrais pas que nous disions que l'évêque sur place, membre de l'Assemblée, établisse des relations propres, au lieu de développer une attitude commune et une relation commune avec les autres évêques orthodoxes de la région vis-à-vis des autres confessions et des autres religions ' (18) . L'Église prêche l'Evangile du salut dans le monde entier pendant plus de deux mille ans. A ce but elle utilise tous les moyens possibles pour témoigner la vérité dans la rigueur de la foi apostolique. Pour cette raison, l'Église orthodoxe accorde une grande importance au dialogue avec le reste du monde chrétien, mettant en avant la tradition commune du christianisme pendant le premier millénaire et le respect de la tradition patristique. En ce sens, le Sait et Grand Synode souligne l'importance du dialogue interchrétien de manière suivante: ‘... Moyennant ce dialogue, les autres chrétiens connaissent désormais mieux l'Orthodoxie et la pureté de sa tradition. Ils savent aussi que l'Église orthodoxe n'a jamais accepté le minimalisme théologique ou la mise en doute de sa tradition dogmatique et de son éthos évangélique. Les dialogues interchrétiens furent une occasion pour l'Orthodoxie de souligner le respect dû à l'enseignement des Pères et de témoigner valablement de la tradition authentique de l'Église une, sainte, catholique et apostolique. Les dialogues engagés par l'Église orthodoxe n'ont jamais signifié et ne signifieront jamais faire des compromis d'aucune sorte en matière de foi. Ces dialogues sont un témoignage de l'orthodoxie étayé sur le message évangélique : «Viens et vois » ( Jn 1, 46) et « Dieu est amour » (I Jn 4, 8) .

En ce sens, les Assemblées épiscopales sont appelées à s'organiser ensemble pour faire des dialogues théologiques, donnant ainsi un témoignage authentique de la foi orthodoxe ‘ en une bouche et un cœur ' (20) . Ces dialogues théologiques entre l'Église orthodoxe et le reste du monde chrétien doivent être menés en plein accord avec l'ecclésiologie orthodoxe et les critères déjà établis par la tradition ecclésiale (21).

 

2. La fidélité à la tradition orthodoxe

Dans l'Église orthodoxe la tradition constitue une réalité qui exprime le modus de son existence, ainsi que son chemin dans l'histoire jusqu'à la fin du temps. Cette tradition est vécue dans l'Église non pas comme une persévérance ou une forme d'anachronisme, comme quelque chose traditionnel ou coutumière, mais comme une prolongation continu préservant la foi des apôtres et des Pères de l'Église. D'après le métropolite de Dioclée Calliste Ware ‘ il s'agit de quelque chose bien plus précis et plus spécial de ceci. La tradition est composée des livres de la Sainte Ecriture, le Symbole de la foi, les décisions des Conciles œcuméniques, les écrits des Pères, les canons, les livres liturgiques, les saints icones. Dans la pratique, la tradition est tout un système doctrinal, l'administration ecclésiale, la vie liturgique, la spiritualité et l'art formées par les orthodoxes au fil du temps. Les chrétiens orthodoxe de nos jours se considèrent comme héritiers et gardiens d'un riche héritage reçue du passé et croient que leur devoir est de transmettre cette héritage intégrale à l'aveni r' (22) .

L'éminent théologien, le père Georges Florovsky analysant le modus d'existence de la tradition au sein de l'Église orthodoxe et la manière avec laquelle elle est vécue écrit: « La fidélité vis-à-vis la Tradition ne signifie pas une fidélité au passé et au pouvoir formaliste, mais un lien vivant à travers la plénitude de l'expérience ecclésiale. La référence à la tradition ne constitue pas une recherche historique. La tradition ne se limite pas à l'archéologie ecclésiale. La tradition ne constitue pas un témoignage conventionnel qui peut être acceptée par un non-initié. Seule l'Église constitue le témoignage vivant de la tradition. Seulement dans l'Église la tradition peut être perceptible et reconnu comme conviction. La tradition est le témoignage de l'Esprit, la révélation incessante, le sermon et l'évangélisation de l'Esprit. Pour les membres vivants de l'Église elle n'est pas une autorité historique externe, mais éternelle, la voix continuel de Dieu, non la voix du passé, mais la voix de l'éternité » (23) .

Dans ce cadre, les Assemblées épiscopales doivent exercer leurs c ο mpétences selon les principes de la conciliarité, comme il est prescrit par les canons pour la meilleure mise en œuvre de leur diaconie pastorale dans les régions de la Diaspora orthodoxe, toujours avec respect à l'institution du synode établie à l'Église et tenant compte leur responsabilité pour leur diaconie pastorale aux ouailles orthodoxes. Ce constat est confirmé d'ailleurs par le Règlement du fonctionnement des Assemblées épiscopales qui prescrit que 'les travaux de l'Assemblée Épiscopale se déroulent conformément aux principes de la tradition conciliaire orthodoxe sous la direction du Président qui assume aussi la responsabilité de superviser l'exécution des décisions' (24) .

Ainsi, pour l'Église orthodoxe la conciliarité est par excellence l'institution à travers laquelle elle exerce ses devoirs pastoraux et administratifs depuis les premières années de sa fondation et tout au long de sa mission dans l'histoire humaine. Pour cette raison, le Message du Saint et Grand Synode mentionne littéralement que ‘ L'Église orthodoxe exprime son unité et sa catholicité dans le Concile. Sa conciliarité façonne son organisation, la manière par laquelle elle prend des décisions et la détermination de son destin. Les Églises orthodoxes autocéphales ne sont pas une fédération d'Église, mais l'Église une, sainte, catholique et apostolique ' (25).

Il s'insère que les Assemblées épiscopales doivent fonctionner selon le principe de la conciliarité, utilisé par l'Église orthodoxe pour tout acte de nature administrative et pastorale, toujours avec respect à la tradition canonique et ecclésiologique, fondée sur les décisions des sept Conciles œcuméniques. En ce sens, les compétences des Assemblées épiscopales, assignées par le IVe Conférence panorthodoxe préconciliaire (2009) doivent être mise en pratique pour envisager les problèmes qui concernent l'organisation de la Diaspora orthodoxe et surtout remédier l'existence d'une administration multi-juridictionnelle. Ce problème peut être résolu seulement avec le retour à l'organisation canonique de l'Église orthodoxe comme le prescrit le canon 8 du Ier Concile œcuménique : « Au sujet des clercs de ceux qui s'appellent eux-mêmes les cathares le grand concile décide, si jamais ils veulent entrer en groupe dans l'Église catholique et apostolique, qu'on leur impose les mains, et qu'ils restent ensuite dans le clergé ; mais avant tout ils promettront par écrit de se soumettre aux règles disciplinaires de l'Église catholique et apostolique, et d'y conformer leur conduite, c'est à dire qu'ils devront communier avec ceux qui se sont mariés en secondes noces et avec ceux qui ont failli pendant la persécution, mais font pénitence de leurs fautes ; pour lesquels on a justement établi un temps d'épreuve et on en a fixé la modalité, afin qu'ils puissent être admis a toutes les pratiques de l'Église catholique et apostolique. Par conséquent, lorsque dans les villages et dans les villes il ne se trouve que des clercs de leur parti, ceux-ci gardèrent leur rang ; mais si un prêtre ou un évêque catholique se trouvait là pour recevoir l'un ou l'autre d'entre eux, il est évident que l'évêque de l'Église catholique conservera la dignité épiscopale, tandis que celui qui a été décoré du titre d'évêque par les cathares n'aura droit qu'aux honneurs réservés aux prêtres, à moins que l'évêque ne trouve bon de le laisser jouir de l'honneur du titre; s'il ne le veut pas, qu'il lui donne une place de chorévêque ou de prêtre, afin qu'il paraisse faire réellement partie du clergé, sans qu'il y ait deux évêques dans une ville » (26)

Evidemment, un des buts principaux que les Assemblées épiscopales sont appelées à accomplir est ‘ La préparation d'un projet d'organisation des orthodoxes de la Région sur une base canonique' (27). Le Règlement de fonctionnement des Assemblées épiscopales prescrit leur rôle déterminant pour l'organisation administrative de la Diaspora orthodoxe, toujours selon la tradition canonique de l'Église orthodoxe. Ce but est souligné aussi dans les textes du Saint et Grand Synode qui se réfèrent sur la Diaspora: « Il a été constaté que toutes les très saintes Églises orthodoxes ont la volonté unanime que le problème de la Diaspora orthodoxe soit résolu le plus rapidement possible et que celle-ci soit organisée conformément à l'ecclésiologie orthodoxe, et à la tradition et la praxis canoniques de l'Église orthodoxe » (28) . Ceci constitue le plus grave problème que l'Église orthodoxe doit envisager les derrières décennies aux régions de la Diaspora. La pratique actuelle appliquée transgresse la tradition canonique et ecclésiologique, ainsi que la pratique appliquée depuis la fondation de l'Église. Ce constat, d'ailleurs, a été la raison principale pour la tenue de l'IVe Conférence panorthodoxe préconciliaire (2009), après la décision de la Synaxe des primats des Églises orthodoxes autocéphales, convoquée au Phanar en 2008 (29) . Dans ce cadre, les Églises qui ont participé au Saint et Grand Synode, faisant référence à l'institution des Assemblées épiscopales soulignent que ‘ Les Églises orthodoxes s'engagent à ne pas procéder à des actes pouvant entraver le processus susmentionné destiné à régler de façon canonique la question de la Diaspora, comme l'attribution à des hiérarques des titres déjà existants, et feront tout leur possible pour faciliter le travail des Assemblées épiscopales et pour rétablir la normalité de l'ordre canonique dans la Diaspora ' (30).

L'exercice des devoirs avec lesquels sont chargées les Assemblées épiscopales doit concerner et se limiter exclusivement aux questions qui s'insèrent aux compétences canoniques et ecclésiales que la IV Conférence panorthodoxe préconciliaire (2009) avec le Règlement a assigné aux Assemblées épiscopales et a ratifié avec ses décisions le Saint et Grand Synode de l'Église orthodoxe (juin, 2016) afin de ne pas les dévier.

Les Assemblées épiscopales ont été fondées sur la base du système synodal, comme ceci est mis en pratique depuis l'époque apostolique et a été évolué avec les conciles œcuméniques. Cependant, les Assemblées épiscopales ne peuvent pas remplacer l'autorité des Synodes, étant donné que n'ont pas la compétence de s'occuper et traiter des questions de nature canonique et pastorale. Cette différence essentielle est ratifiée par le texte sur la Diaspora orthodoxe du Saint et Grand Synode qui cite explicitement que ‘ Quant aux questions d'intérêt commun qui, sur décision de l'Assemblée épiscopale, nécessitent d'être examinées à l'échelon panorthodoxe, le président de celle-ci se réfère au Patriarche œcuménique pour que suite soit donnée selon la pratique panorthodoxe en vigueur ' (31).

De toute évidence, ceci est valable non seulement pour des questions de caractère interorthodoxe, mais aussi interchrétien et interreligieux pour que ces Assemblées n'aient pas la possibilité de dévier la tradition doctrinale, canonique et ecclésiologique de l'Église orthodoxe. Ainsi, la compétence des Assemblées épiscopales concernant la thématique des dialogues théologiques se limite à leur représentation commune vis-à-vis les hétérodoxes. Ainsi, toute sorte des changements aux processus du dialogue n'influent pas leurs compétences, car la thématique du dialogue s'insère exclusivement à la compétence des institutions de caractère panorthodoxe. D'après les décisions du Saint et Grand Synode, dans le texte intitulé ‘ Les relations de l'Église orthodoxe avec l'ensemble du monde chrétien ' a été approuvée la position suivante: « 14. La conclusion de tout dialogue théologique officiellement proclamé correspond à l'achèvement de la tâche de la Commission théologique mixte désignée à cet effet. Alors, le Président de la Commission interorthodoxe soumet un rapport au Patriarche œcuménique et en accord avec les Primats des Églises orthodoxes locales, proclame la clôture du dialogue. Aucun dialogue n'est considéré comme achevé avant que sa fin ne soit proclamée par une telle décision panorthodoxe 15. Au cas où un dialogue théologique s'achèverait avec succès, la décision panorthodoxe de rétablir la communion ecclésiale doit pouvoir se fonder sur l'unanimité de toutes les Églises orthodoxes locales » (32) .

Donc, il s'agit d'une obligation importante des Assemblées épiscopales de se soumettre et se conformer aux décisions du Saint et Grand Synode de l'Église orthodoxe (Crète, 2016), surtout en ce qui concerne leur composition et fonctionnement. En plus, elles doivent s'harmoniser aux décisions relatives au dialogue interchrétien et interreligieux qui jouent un rôle prépondérant dans les milieux non orthodoxes où les Assemblées sont chargées d'exercer leurs activités. Ceci est valable non seulement pour les décisions au niveau panorthodoxe concernant les Assemblées épiscopales prises par la IVe Conférence panorthodoxe préconciliaire (Genève, 2009) et le Saint et Grand Synode de l'Église orthodoxe (Crète, 2016), mais aussi pour toutes les décisions qui vont prendre les institutions panorthodoxes concernant leur fondation, le mode de leur fonctionnement et leur mission.

Les Assemblées épiscopales ne peuvent en aucun cas de procéder aux actes ou à la prise de décisions qui annulent ou mettent des entraves à leur soumission juridictionnelle aux Églises mères qui les ont fondé et ont élu leurs évêques- membres des Assemblées épiscopales. Au contraire, il faut qu'elles travaillent pour l'unité de toutes les diasporas orthodoxes. Dans ce cadre, il constitue leur devoir de se conformer à toute décision prise par les Synodes des leurs Églises mères qui concernent leurs Églises filles nationales. En ce sens, le fonctionnement et l'œuvre pastorale des diasporas orthodoxes nationales doivent se réaliser toujours en collaboration et avec un esprit d'obéissance aux Églises mères desquelles proviennent et avec respect au pied de la lettre des décisions prises par leurs Synodes concernant les diasporas nationales et les Assemblées épiscopales. Dans cet esprit a été rédigé le Règlement de fonctionnement des Assemblées épiscopales dans la Diaspora orthodoxe qui considère qu'un de leurs buts principaux est de veiller à manifester l'unité de l'Orthodoxie et à développer une action commune de tous les orthodoxes de chaque région pour remédier aux besoins pastoraux des orthodoxes vivant dans la région, représenter en commun tous les orthodoxes vis-à-vis des autres confessions et l'ensemble de la société de la région, cultiver les lettres théologiques et l'éducation ecclésiastique, etc ' (33) .

Dans les décisions du Saint et Grande Synode est souligné de manière explicite les droits des évêques de chaque diaspora orthodoxe de s'exprimer publiquement selon les décisions de leur Église mère, en préservant en même tous les droits épiscopaux ratifiés par la tradition canonique orthodoxe: «... dans chacune des régions définies ci-dessous des «Assemblées Épiscopales» réunissant tous les évêques reconnus canoniques de cette région, qui continueront à être soumis aux mêmes juridictions canoniques qu'aujourd'hui . La Diaspora orthodoxe , 2 a). De même: « Les Assemblées épiscopales ne privent pas leurs évêques membres des compétences de caractère administratif et canonique, ni ne limitent les droits de ceux-ci dans la Diaspora. Les Assemblées épiscopales visent à dégager la position commune de l'Église orthodoxe sur diverses questions. Cela n'empêche nullement les évêques membres, qui continuent de rendre compte à leurs propres Églises, d'exprimer les opinions de leurs Églises devant le monde extérieur» (34) . Les Assemblées épiscopales fonctionnant sous ce système synodal spécifique sont en même temps responsables pour le maintien de la tradition dans la vie ecclésiale et liturgique comme elle est parvenue jusqu'à nos jours dans la Diaspora orthodoxe. Cependant, cette mission ne signifie pas l'abolition de la diversité de la tradition rituelle qui était et continue d'être acceptée par l'Église orthodoxe. C'est dans ce cadre que les Assemblées épiscopales doivent envisager ce sujet avec sensibilité et responsabilité. En effet, d'après les décisions de la IVe Conférence panorthodoxe préconciliaire (2009), ‘ Les compétences de l'Assemblée Episcopale sont: a. Veiller et contribuer au maintien de l'unité de l'Église orthodoxe de la Région dans ses engagements théologiques, ecclésiologiques, canoniques, spirituels, caritatifs, éducatifs et missionnaires. b. La coordination et l'impulsion des activités d'intérêt commun dans les domaines de la pastorale, de la catéchèse, de la vie liturgique, des éditions religieuses, des medias, de l'éducation ecclésiastique, etc . ' (35). C'est très significatif le fait que le même paragraphe est inclus littéralement, sans changements ou modifications, dans les décisions du Saint et Grand Synode de l'Église orthodoxe (36).


Notes

(1) Synodica XII, 2c, p. 257.

(2) Synodica XII, 2c, p. 258.

(3) V. I. Phidas, L'ecclésiologie entre la Christologie et la Pneumatologie ., p. 34.

(4) Col. 1, 24. Eph. 1, 23-24 ;

(5) Encyclique VII, 20.

(6) Encyclique VI, 17.

(7) Encyclique V, 10.

(8) Encyclique V, 10. (9) Jn. 14,6.

(10) Encyclique IV, 9.

(11) Le Saint et Grand Synode, Encyclique IV, 9.

(12) Message du Saint et Grand Synode, & 5.

(13) Le Saint et Grand Synode, Le sacrement du mariage et ses empêchements , 5, 1.

(14) Le Saint et Grand Synode, Le sacrement du mariage et ses empêchements, II, 5, ii.

(15) Saint et Grand Synode, Le sacrement du mariage et ses empêchements , V, i-ii.

(16) Sur les questions que les mariages mixtes suscitent au niveau pastoral cf. Prot. Georges Tsetsis, ‘ The Pastoral Dimension of Mixed Marriages', in Ecclesia, Oecuménè et Politique (= Εκκλησία, Οικουμένη, Πολιτική ), Athens 2007, p. 599- 611.

(17) Le Saint et Grand Synode, Relations de l'Eglise orthodoxe avec le reste du monde chrétien, &1.

(18) Synodica XII, p. 292.

(19) Encyclique du Saint et Grand Synode , &20 .

(20) Saint Jean Chrysostome, La Divine Liturgie .

(21) Relations de l'Eglise orthodoxe avec l'ensemble du monde chrétien , &19.

(22) Calliste Ware, L'Eglise orthodoxe (= Η Ορθόδοξη Εκκλησία ), Athènes 20074, éd. Akritas, p. 311 (trad. en grec par Joseph Roilidis ).

(23) Georges Florovsky, Saint Ecriture- Eglise- Tradition (= Αγία Γραφή - Εκκλησία - Παράδοση ), Athènes 2018, éd. Altintzi, p. 63-64 (trad. en grec par P. Mikropandremenou ).

(24) Le Saint et Grand Synode, Règlement du fonctionnement des Assemblées épiscopales , art. 9.

(25) Le Saint et Grand Synode, Message , 1.

(26) Ioannou, Fonti , I, p.30-31.

(27) Le Saint et Grand Synode, Règlement, 5, 1, e.

(28) Le Saint et Grand Synode, La Diaspora orthodoxe , 1, a.

(29) Synodica XII, p. 6-7.

(30) Le Saint et Grand Synode, La Diaspora orthodoxe , 7.

(31) Le Saint et Grand Synode, La Diaspora orthodoxe , 1, 6.

(32) Le Saint et Grand Synode, Les relations de l'Église orthodoxe avec l'ensemble du monde chrétien 14, 15.

(33) La Diaspora orthodoxe , 2, c.

(34) La Diaspora orthodoxe , 5.

(35) Synodica XII, Le Règlement , 5, 1, p. 261.

(36) Diaspora orthodoxe , 5, 1, a-b.

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